FaceApp, méfiance sur l’application qui vieillit une photo

Extrait Le Monde.fr :
Montrer à quoi elles pourraient ressembler en ayant soixante ans de plus. Après le filtre qui permettait de transformer un garçon en fille, ou inversement, proposé par Snapchat et popularisé au printemps, voici venu le filtre pour se vieillir, FaceApp, dont les exemples se répandent ces derniers jours comme une traînée de poudre sur Instagram, Facebook et Twitter.

C’est l’un des principaux points d’inquiétudes, car certaines personnes ont, à raison, lu les conditions d’utilisation de FaceApp face à ce soudain retour de « hypes ». Datant de 2017, elles sont consultables sur deux pages séparées, qui ne sont malheureusement pas accessibles depuis l’application, d’après notre constat, sous Android (« politique de confidentialité » de FaceApp et « conditions d’utilisation »).

Elles sont assez claires : en chargeant une photo et en appliquant un filtre à travers FaceApp pour le partager ensuite à vos amis ou sur vos réseaux sociaux, vous cédez à l’entreprise gérant l’application (Wireless Lab OOO, sise à Saint-Pétersbourg) la possibilité de modifier, réutiliser ou exploiter par la suite la photo retouchée en question.

Interrogée sur le sujet par le site spécialisé TechCrunch, FaceApp a, cependant, expliqué que « la plupart des images stockées sur nos serveurs sont supprimées dans les quarante-huit heures suivant leur envoi ». L’entreprise a également fait savoir que ce stockage de photos, d’une durée de quarante-huit heures pour « la plupart » d’entre elles, ou pour une période indéterminée pour certaines autres, avait lieu grâce à des serveurs à distance situés en dehors de la Russie, utilisant les infrastructures cloud d’Amazon (AWS) et de Google.

Reste que, dans l’absolu, les images conservées par FaceApp peuvent servir à Wireless Lab OOO pour entraîner ses logiciels de retouches automatiques, ou constituer des bases de données avec des visages de ses utilisateurs. Ou encore, de faire la promotion de FaceApp à partir de vos photos retouchées, si jamais ses employés la choisissent.

FaceApp n’est actuellement pas en conformité avec le règlement européen des données personnelles (RGPD), précise Le Figaro, alors que les conditions d’utilisation de l’application n’ont pas été mises à jour après son entrée en vigueur en 2018. Elles ne prévoient donc pas que les données de ses utilisateurs européens soient protégées en fonction des lois européennes, même si FaceApp décide de transférer leurs photos en dehors de l’Europe.

Si vous êtes bien conscients de tout ce qui est écrit plus haut, et que ça ne vous pose pas de problème d’envoyer des photos de vous à une entreprise russe qui pourra faire ensuite ce qu’elle veut de vos images, vous êtes mûrs pour installer l’application. Les journalistes de Pixels choisissent cependant de ne pas le faire. Et, aux Etats-Unis, le parti démocrate a officiellement conseillé à ses candidats à la primaire, en vue de l’élection présidentielle de 2020, de ne pas utiliser FaceApp, en raison de l’origine russe de l’application.

En tout cas, nous vous déconseillons formellement de charger dans FaceApp des photos de vos proches, ou d’inconnus, afin de savoir à quoi ils ressembleraient avec soixante ans de plus, un sourire, des cheveux, ou une barbe. Vous ne voudriez pas que FaceApp fasse ce qu’elle veut de leur photo sans leur consentement explicite…

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