Non, la France n’a pas autorisé l’euthanasie pour les patients gravement atteints du Covid-19 !


LE GOUVERNEMENT AUTORISE L’EUTHANASIE

EN FRANCE

Pour illustrer la rumeur qui circule en ce moment concernant l’autorisation de l’euthanasie en France, nous avons pris différents exemples provenant de blogs, médias alternatifs, statuts sur les réseaux sociaux ou encore vidéos Youtube (qui, nous vous le rappelons, sont des publications non-officielles).

Pour tous ces internautes qui se prennent pour des scientifiques, médecins ou pharmaciens « en herbe », le gouvernement français a autorisé l’euthanasie pour les gens âgés. Pourtant, c’est une aberration d’affirmer cela, lorsque l’on se renseigne un peu sur le sujet, et notamment si on lit bien le décret incriminé.

Tout est parti d’un député (UDI) Meyer Habib qui, dans un tweet publié le 2 avril 2020, lance un pavé dans la mare en déclarant :

  • « On donne le permis légal d’euthanasier en France ! Décret du 28/03, le Rivotril, passeport pour la mort douce, est en prescription libre pour 15 jours. »

Après ce tweet, le web va se déchainer en criant « au scandale ».

Or c’est FAUX. Si un décret sur le Rivotril a bien été adopté le 28 mars, en aucun cas il ne légalise  l’euthanasie, qui reste interdite en France. En effet, la dernière loi sur ce sujet a été adoptée en 2016, prévoyant seulement un « droit à la sédation profonde et continue » pour les personnes dont le pronostic vital est engagé à court terme (= qui sont sur le point de mourir dans les jours / semaines qui viennent).

Cette loi accompagne les patients en fin de vie, et peut tout à fait s’appliquer aux patients atteints d’une forme très grave de Covid-19 :

  • « Lorsque le patient atteint d’une affection grave et incurable et dont le pronostic vital est engagé à court terme présente une souffrance réfractaire aux traitements ;
    « A la demande du patient, la sédation profonde et continue peut être mise en œuvre à son domicile, dans un établissement de santé ou un établissement mentionné au 6° du I de l’article L. 312-1 du code de l’action sociale et des familles.

La sédation profonde et continue est déjà autorisée pour soulager la fin de vie depuis 2016.


La nouveauté 2020, suite à la pandémie de SARS-CoV-2 :

Le décret du 28 mars autorise, jusqu’au 15 avril 2020,  la dispensation du médicament Rivotril® sous forme injectable par les pharmacies d’officine, en vue de la prise en charge des patients atteints ou susceptibles d’être atteints par le virus SARS-CoV-2 dont l’état clinique le justifie, sur présentation d’une ordonnance médicale portant la mention “ Prescription Hors AMM dans le cadre du covid-19 ”.


Il existe déjà, depuis plusieurs années, des médicaments utilisés pour la sédation profonde des patients en soins palliatifs, qui souffrent intensément et pour lesquels il n’y a pas d’espoir de guérison. Le médicament de référence utilisé s’appelle le midazolam (HYPNOVEL®). En cas de difficulté d’approvisionnement du midazolam , d’autres médicaments peuvent être utilisées en recours temporaire car ils agissent de la même façon. Il s’agit notamment du clonazépam (RIVOTRIL®), initialement utilisé dans le traitement de certaines formes d’épilepsie.

AVANT le décret du 28 mars 2020, quand un patient est soigné à domicile ou en maison de retraite, le midazolam est obtenu par rétrocession par une pharmacie hospitalière (= uniquement à l’hôpital).

APRES le décret du 28 mars 2020, quand un patient est soigné à domicile ou en maison de retraite, le midazolam connaissant des difficultés d’approvisionnement, le médecin peut prescrire à la place du RIVOTRIL, et celui-ci pourra être obtenu via une pharmacie d’officine (= en ville).

VOILA LE PRINCIPAL CHANGEMENT, ET C’EST TOUT !

Le RIVOTRIL® sous forme injectable n’est pas un produit visant à accélérer une fin de vie (euthanasie), il sert au confort de fin de vie, autrement dit, à éviter les souffrances et anxiété des patients déjà en fin de vie.


Il faudrait que tous ces gens qui crient au scandale comprennent que les patients atteints de Covid-19 dont il est question ici souffrent d’une détresse respiratoire importante, définie par les symptômes suivants :

  • asphyxie
  • polypnée (respiration rapide et superficielle)
  • tachycardie (augmentation du rythme cardiaque)
  • agitation
  • utilisation des muscles respiratoires accessoires (élévation de la clavicule durant l’inspiration)
  • respiration paradoxale (dépression abdominale durant l’inspiration)
  • battement des ailes du nez
  • râles de fin d’expiration
  • faciès de peur

En gros, ces patients ont l’impression de se noyer à chaque respiration, et rien ne peut les soulager … à part d’être endormis profondément !

Pensez-vous qu’il soit humainement acceptable de laisser ces gens souffrir autant, alors qu’ils demandent de l’aide du corps médical pour ne plus avoir à subir cet enfer ?

20minutes.fr – Décret n° 2020-360 du 28 mars 2020LOI n° 2016-87 du 2 février 2016fspf.frHAS