



« Le 8 mars 1857, 129 ouvrières d’une usine de textile sont assassinées par leur patron », affirment plusieurs publications virales de plusieurs pays francophones sur Facebook, partageant une photo sépia de femmes en tablier pour illustrer cette rumeur.
Commençons par la photo ci-dessus qui illustre la publication :
µ
Avec une recherche de l’image sur différents moteurs de recherche sur le web on peut de suite constater que non seulement la description de la photo est FAUSSE, mais que la photo a été recoupée aussi bien en hauteur qu’en largeur ce qui la rend TROMPEUSE (encadrée ci-dessous).
En effet, nous pouvons remonter jusqu’au site
loc.gov/resource qui publie la photo originale :
µ
Le site de la Bibliothèque du Congrès américain (Library of congress) indique qu’il s’agit d’un cliché d’ouvrières pris durant leur pause déjeuner dans une usine de coton de l’Indiana, par le photographe Hine, Lewis Wickesen en août 1908.
Noon Hour in an Indianapolis Cotton Mill, Aug. 1908. Wit. E.N. Clopper. Location: Indianapolis, Indiana. color digital file from b&w original print.
A noter que le site « Library of congress » publie sur la même page d’autres photos similaires de cette usine textile d’Indianapolis, photos toutes datées de 1908.
Pour la première fois en 1910
En réalité, le principe de cette journée a été évoqué pour la première fois en 1910 par Clara Zetkin, une militante socialiste allemande, lors de la deuxième « conférence internationale des femmes socialistes » à Copenhague (Danemark).
« La décision avait été alors prise de célébrer tous les ans une journée des femmes », raconte à l’AFP Françoise Picq, qui précisait dans
un article pour le journal du CNRS que cette journée visait à « contrecarrer l’influence des groupes féministes sur les femmes du peuple ».
« Quant à la date du 8 mars, elle fut choisie par
Lénine, en 1921, pour commémorer le jour fameux (correspondant au 23 février dans le calendrier de la Russie tsariste) où, en 1917, des ouvrières de Saint-Pétersbourg manifestèrent dans la rue pour demander du pain et le retour des hommes du front », raconte Florence Montreynaud, historienne et autrice du « XXème siècle des femmes » dans un
article du Monde diplomatique.
Le 8 mars est en réalité une tradition socialiste créée en 1910 et réappropriée par les mouvements féministes puis par les gouvernements et les institutions internationales, dont l’origine réelle a longtemps été occultée en France par le mythe que nous vérifions.
Une journée socialiste
Ce sont cinq militantes féministes – Josée Contreras, Anny Desreumaux, Christine Fauré, Liliane Kandel et Françoise Picq – qui ont découvert que lier la journée du 8 mars à une grève d’ouvrières du textile en 1857 relevait du fantasme.
Sollicitée le 16 mars, Françoise Picq, docteure en sciences politiques et historienne du féminisme, raconte à l’AFP avoir publié en 1977, dans le journal féministe « Histoires d’Elles », avec les trois autres militantes, un article remontant à l’origine de cette date emblématique.

Au fur et à mesure des années, la date s’internationalise. Elle est importée aux États-Unis, puis appropriée par les mouvements féministes des années 1970.
Une résolution est adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en décembre 1977 proclamant « la Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale à observer n’importe quel jour de l’année par les États Membres, conformément à leurs traditions historiques et nationales », comme le raconte Slate dans un article. L’ONU choisit le 8 mars pour célébrer cette journée.
En France, la ministre des Droits de la femme Yvette Roudy opte également pour cette date en 1982.
« Mensonge » publié dans L’Humanité
Alors comment arrive-t-on au mythe évoquant les ouvrières du textile en grève? « C’est un mensonge qui apparaît dans L’Humanité en 1955 », explique Florence Montreynaud à l’AFP.
Dans les colonnes du journal communiste en 1955, la militante Claudine Chomat développe alors « une argumentation qui dit « Non, l’origine du 8 mars ne vient pas de l’URSS », explique Françoise Picq.
Pour la militante communiste citée dans un article de l’Humanité de 1999, le 8 mars commémore la « tradition de lutte des ouvrières de l’habillement de New York, qui, en 1857, le 8 mars, manifestèrent pour la suppression des mauvaises conditions de travail, la journée de 10 heures, la reconnaissance de légalité du travail des femmes ».
Cependant :
il n’existe aucune trace d’une telle grève: en réalité, toujours selon les cinq militantes féministes qui ont recherché l’histoire du 8 mars (dont Françoise Picq), c’est Madeleine Colin, alors responsable élue de la CGT, qui est à l’origine de cette légende. Elle détache ainsi « le 8 mars de son histoire soviétique », comme l’écrit Françoise Picq dans un article académique publié en 2000.
L’histoire selon l’afp.com pourrait être inspirée d’un fait divers tragique ayant tué plus d’une centaine d’ouvrières du textile: en 1911, plus de 140 travailleuses perdent la vie dans l’incendie de leur usine à New York, note le site 8mars.info. Un drame dû à l’absence de mesures de sécurité qui eut « une incidence considérable sur la législation du travail » aux Etats-Unis, ajoute cette plateforme.

loc.gov/resource – factuel.afp.com – ouest-france.fr

Mar 12 2025
Non, la journée internationale pour les droits des femmes n’a pas été « créée en mémoire » d’ouvrières du textile « assassinées par leur patron » en 1857.
« Le 8 mars 1857, 129 ouvrières d’une usine de textile sont assassinées par leur patron », affirment plusieurs publications virales de plusieurs pays francophones sur Facebook, partageant une photo sépia de femmes en tablier pour illustrer cette rumeur.
Pour la première fois en 1910
En réalité, le principe de cette journée a été évoqué pour la première fois en 1910 par Clara Zetkin, une militante socialiste allemande, lors de la deuxième « conférence internationale des femmes socialistes » à Copenhague (Danemark).
Le 8 mars est en réalité une tradition socialiste créée en 1910 et réappropriée par les mouvements féministes puis par les gouvernements et les institutions internationales, dont l’origine réelle a longtemps été occultée en France par le mythe que nous vérifions.
Une journée socialiste
Ce sont cinq militantes féministes – Josée Contreras, Anny Desreumaux, Christine Fauré, Liliane Kandel et Françoise Picq – qui ont découvert que lier la journée du 8 mars à une grève d’ouvrières du textile en 1857 relevait du fantasme.
Sollicitée le 16 mars, Françoise Picq, docteure en sciences politiques et historienne du féminisme, raconte à l’AFP avoir publié en 1977, dans le journal féministe « Histoires d’Elles », avec les trois autres militantes, un article remontant à l’origine de cette date emblématique.
Au fur et à mesure des années, la date s’internationalise. Elle est importée aux États-Unis, puis appropriée par les mouvements féministes des années 1970.
Une résolution est adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en décembre 1977 proclamant « la Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale à observer n’importe quel jour de l’année par les États Membres, conformément à leurs traditions historiques et nationales », comme le raconte Slate dans un article. L’ONU choisit le 8 mars pour célébrer cette journée.
« Mensonge » publié dans L’Humanité
Alors comment arrive-t-on au mythe évoquant les ouvrières du textile en grève? « C’est un mensonge qui apparaît dans L’Humanité en 1955 », explique Florence Montreynaud à l’AFP.
Cependant :
il n’existe aucune trace d’une telle grève: en réalité, toujours selon les cinq militantes féministes qui ont recherché l’histoire du 8 mars (dont Françoise Picq), c’est Madeleine Colin, alors responsable élue de la CGT, qui est à l’origine de cette légende. Elle détache ainsi « le 8 mars de son histoire soviétique », comme l’écrit Françoise Picq dans un article académique publié en 2000.
loc.gov/resource – factuel.afp.com – ouest-france.fr
By Team Hoax-Net • Politique/Religieux • • Tags: 129 ouvrières assassinées, 8 Mars 1857, journée droits de la femme, ouvrière textile, ouvrières assassinées patron