NON, le jeûne thérapeutique ne détruit pas le cancer.

Depuis quelques temps, nous voyons beaucoup d’articles circuler nous expliquant qu’avec certains aliments on peut soigner un bon paquet de maladies. Du cocktail détox aux recettes de grands-mères, en passant par certaines inventions farfelues, certains « marchent » (en tout cas ne font pas de mal), certains nous conduisent à avoir une alimentation plus saine, mais malheureusement, certains sont aussi très dangereux et peuvent mettre en péril la vie même des gens qui suivraient ces conseils.

Ici, on nous explique que le jeûne thérapeutique détruit carrément le cancer et régénère le corps. Et pour être sûr d’être suivi, l’article nous ajoute la mention « prouvé scientifiquement ». C’est non seulement faux, absolument pas « prouvé scientifiquement » mais il y a en plus de réels risques à pratiquer le jeûne pour les personnes atteintes d’un cancer.

Le réseau National Alimentation Cancer Recherche (NACRe), en partenariat avec l’Institut National du Cancer (INCa), a créé un groupe de travail en 2016 afin de faire un point sur toutes les recherches existantes sur le jeûne et le cancer et ainsi  proposer des recommandations pour la santé publique.

L’ensemble des études publiées sur le sujet depuis les années 40 (soit environ 250), ont été passées au crible, décortiquées et analysées.

Une première donnée ressort tout d’abord nettement : la très grande majorité des études porte sur l’animal.

  • Les résultats de ces études sur les animaux ne sont pas transposables à l’homme, pour des raisons de méthodologie.
  • Les conclusions sont très hétérogènes : pour un même régime, en prévention ou en interaction d’un traitement du cancer, il y a des résultats favorables, des résultats neutres, et des effets délétères.

Les données des essais cliniques sur l’homme :

  • Elles sont très peu nombreuses
  • Elles ne sont réalisées que sur un tout petit nombre de patients (moins de 20)
  • Elles ne sont ni controlées (pas de groupe neutre sans jeûne), ni randomisées (pas de tirage au sort des patients)
  • Deux essais ont été annulés faute de patients
  • Onze sont clôts mais les résultats ne sont pas publiés
  • Vingt-quatre sont en cours.

CE QUI EST SUR, c’est que la pratique du jeûne pendant un traitement anti-cancer présente un risque d’aggravation de la dénutrition, des pertes de poids et de la sarcopénie (diminution de la masse et de la fonction musculaire). Ce sont des facteurs de pronostiques péjoratifs qui peuvent gêner ou empêcher le traitement, augmentent le risque de mortalité et diminuent la tolérance des traitements de chimiothérapie.

Pour aller plus loin, le réseau NACRe et l’INCa nous proposent une fiche repère explicative résumant toutes les données de leur rapport, à télécharger gratuitement ici : Fiche repère INCa – NACRe 2017

Si l’on creuse encore, on se rendra compte que c’est la page Facebook « Anonymous France » qui publie cet article. Cette page est un fake, les vrais Anonymous n’ont pas de page officielle !

z-1


Sources : Réseau NACRe / INCaLe FigaroSlate.frSciencesetavenir.frHoaxbuster