Non, les Hunzakuts n’ont pas une longévité extraordinaire et ne sont pas exempts de maladies.

 

 

Encore un bel exemple de la recette parfaite pour faire croire à n’importe quoi. On utilise toujours les mêmes ficelles, celles qui marchent à tous les coups : une histoire sympa et populaire, une anecdote incroyable, une civilisation ancienne et sage (à bas la méchante modernité), l’absence d’études sérieuses, une petite théorie du complot, on mélange le tout avec un ou deux éléments véridiques, ou trop vieux pour être vérifiables et vous obtenez le Hoax parfait !


Ici, l’article nous parle des Hunzakuts, habitants de la vallée de la Hunza, au nord du Pakistan. On leur prête une longévité extraordinaire et une santé incroyable.

Tout part d’un médecin et nutritionniste irlandais, Robert McCarisson, qui étudie les problèmes nutritionnels en Inde et Himalaya. Il découvre les Hunzakuts et dans son ouvrage de 1921, il décrit leur régime alimentaire très sain et le fait qu’ils soient en meilleure santé que les peuples de la vallée d’à côté. Il se nourrissent de fruits et légumes frais, de céréales, de lait, de beurre, de viande de chèvre les jours de fête et pendant les longs hivers rudes, ils boivent l’eau pure de leur montagne. Jusqu’ici, rien de tellement extraordinaire. C’est ce que l’on nous recommande de manger de nos jours, 5 fruits et légumes frais par jour, pas trop de viande, éviter les produits transformés et l’alcool.

Mais évidemment, en 1921, époque où l’on découvre et consomme des produits dit « raffinés », ce régime alimentaire sain, pour un peuple perdu au fond de la montagne que l’on qualifie encore « d’arriéré » et de « race de la vallée d’Hunza », est un petit événement pour la société occidentale. Le Dr McCarrison écrit lui même qu’aucune statistique n’est disponible dans le pays sur le rapport entre la malnutrition et le niveau physique.  Il en profite donc pour tirer les conclusions qu’il veut. De plus, l’espérance de vie moyenne de l’époque étant très basse, il lui a suffit de croiser quelques personnes de plus de 50 ans pour en déduire que leur longévité était incroyable.

Puis d’autres expéditions se rendent sur place, dont celle de John Clark. Dans son livre « Hunzas, lost kingdom of the Himalayas », publié en 1956, il raconte les 20 mois qu’il a passé avec ce peuple. Il ne fait aucune mention particulière de la soi-disant longévité de ce peuple. Le Mir (chef des Hunzakuts) explique que chez eux, l‘âge n’a rien à voir avec le calendrier, il dépend uniquement de la sagesse, de l’expérience et de la réussite. Ainsi, une personne très sage de 50 ans peut déclarer en avoir 120.

John Clark a, par contre, fait la liste des nombreuses maladies dont ce peuple est atteint, on est très loin de l’absence totale de pathologies :

Dysenterie, teigne, impétigo, cataractes, tuberculoses, scorbut, paludisme, ascaridiase (vers), leucoderma, staphylococcus, caries dentaires, goitre, bronchite, grippe, pneumonie, genoux rhumatisants du rachitisme…etc. Il a aussi mené une enquête dans une école de garçon de 12 à 16 ans, leur demandant combien de membres de leur famille était mort, la plupart avait déjà perdu plusieurs frères et sœurs et au moins un parent.


Et puis certains ont tenté de s’enrichir sur le dos des Hunzakuts, en vantant leur mode de vie et en le déformant dans de nombreux livres et en proposant des régimes Hunzas, comme par exemple Renee Taylor, qui proclame en 1986 qu’elle est la première à écrire un livre sur les Hunzas et en profite pour faire sa promotion de professeur de yoga.

On explique ensuite très souvent sur les sites qui propage ce Hoax, que les Hunzakuts ne mange que très peu, ce qui est faux, ils consomment 1900 calories par jour, ce qui est parfaitement recommandé, mais on s’empresse de comparer ce chiffre avec un américain moyen (ce qui n’est pas représentatif de la population mondiale), qui lui en consomme 3300 dont beaucoup de protéines. En passant d’un extrême à l’autre, évidemment, on choque les esprits.

La dernière partie du hoax concerne l’absence de cancer, qui serait dûe à la grande consommation de vitamine B17 contenue dans les abricots qu’ils mangent en abondance. Sur certains sites, on peut lire que c’est la faute du complot de « l’industrie du cancer » si on ne se soigne pas à la B17 dans les pays occidentaux. Rappelons que pour l’instant, aucune preuve scientifique n’a jamais démontré qu’un traitement alternatif quel qu’il soit ai vaincu le cancer.

Enfin, une petite anecdote amusante qui montre bien que l’on peut faire dire n’importe quoi à n’importe qui : En 1984, un journal de Hong Kong AURAIT rapporté une anecdote incroyable : Un hunzakut du nom de Saïd Abdul Mobutu, lors de son arrivée à l’aéroport d’Heathrow à Londres, AURAIT provoqué la stupéfaction des services de douanes ; sur ses documents, celui-ci était né en 1823 et était donc âgé de 160 ans. Aucune nouvelles ni preuves scientifiques depuis…

En conclusion, les hunzakuts ont un mode de vie sain, leur nourriture est saine, leur eau est saine, ils marchent beaucoup et de part l’altitude, l’air sec et l’absence de pollution, ils échappent à bon nombre de problèmes de santé. Malgré cela, ils ne vivent pas jusqu’à 160 ans, ont des maladies malheureusement comme tout le monde et manger des abricots toute la journée ne vous évitera pas le cancer.


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Sources : Zététique-languedoc.framessi.orgRobert McCarisson via archives.orgexpress.livencbibiblelife.orgJohn Clark