NON, l’huile de coco n’est pas une huile miracle « anti-tout » !

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Sur différents sites de soi-disant « santé naturelle », comme sain-et-naturel.com, les internautes peuvent lire que l’huile de coco est une huile miraculeuse qui peut guérir la maladie d’Alzheimer, le diabète, l’obésité, etc. Qu’en est-il vraiment ?

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Bien que l’huile végétale extraite de la noix de coco possède de nombreux bienfaits, elle ne possède pas toutes les propriétés thérapeutiques « miracles » qu’on voudrait vous faire croire. Décortiquons un peu le vrai du faux …

NON, l’huile de coco ne guérit pas de la maladie d’Alzheimer

Et si elle avait un effet avéré (preuve apportée par des études scientifiques poussées), elle ne ferait au mieux que ralentir l’évolution de la maladie …

Héraut et défenseur de cette thérapie alternative : Mary Newport, une femme médecin américaine confrontée à la maladie de son mari. Elle préconise de commencer la cure à petites doses quotidiennes, puis d’augmenter les rations journalières jusqu’à ingérer chaque jour de grandes quantités. Ensuite, elle promet, pour deux tiers des patients environ : une amélioration de la mémoire et de la cognition, des comportements, des interactions sociales, de l’humeur, de la capacité à tenir une conversation.

La cure à base d’huile de coco repose sur un postulat simple : les neurones des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer seraient insensibles à l’insuline, cette hormone qui régule le métabolisme du glucose. Pour Mary Newport, sans leur indispensable carburant, le glucose, les cellules finissent par s’éteindre. Mais quand ce glucose vient à manquer, les cellules peuvent se nourrir de dérivés de graisse : des cétones. Et l’huile de coco regorge d’acides gras susceptibles d’être convertis en cétones. CQFD ? Pas si vite, répondent les spécialistes.

  • D’abord, aucune preuve scientifique ne vient encore étayer le discours de la militante américaine. « Si l’insuline a été associée aux modifications cérébrales observées dans un contexte de maladie d’Alzheimer, son rôle reste confus », nuancent les experts de l’Alzheimer’s Society, une association de patients de référence au Royaume-Uni. Plutôt que d’être à l’origine de la maladie, le phénomène n’en serait-il pas plutôt une conséquence ? L’insuline jouant différentes partitions dans le corps, la régulation du glucose n’a peut-être rien à voir avec les modifications cérébrales observées chez les malades.
  • Par ailleurs, un régime cétogène strict peut entraîner une hypercholestérolémie. Or, un taux élevé de cholestérol a été associé à un risque accru de développer des troubles cardiovasculaires et même une démence.
  • Enfin, les matières grasses de l’huile de coco pourraient aussi s’opposer au bon fonctionnement de nombreux médicaments prescrits dans le cadre d’une maladie neurodégénérative.
Seules des études scientifiques poussées pourront tirer l’affaire au clair. Pour l’heure, le consensus fait encore défaut. Des investigations se poursuivent néanmoins afin de proposer un éventuel complément alimentaire. Les résultats ne devraient pas être livrés avant un à deux ans.
Comme l’ensemble des observateurs, France Alzheimer et maladies apparentées reste ouverte à la recherche. Elle soutient d’ailleurs les travaux d’une équipe nancéienne sur le métabolisme lipidique et la neurodégénérescence dans la maladie d’Alzheimer.

NON, l’huile de coco ne permet pas de perdre du poids, ni d’avoir un ventre plat

Une des hypothèses soulevée est que l’huile de noix de coco contient un type de gras, les triglycérides à chaîne moyenne (TCM),  dont la consommation augmenterait la capacité de l’organisme à utiliser les gras. En réalité, cette augmentation de la dépense énergétique n’est que temporaire. En effet, après environ deux semaines, le corps s’adapte et utilise les TCM au même titre que les autres types de gras. Selon une étude réalisée par des chercheurs montréalais, la consommation quotidienne d’huile de coco pendant environ un mois a induit une perte de poids très faible (0,5 kg !) et très variable parmi les participants. De plus, l’augmentation de la dépense énergétique associée aux TCM avait disparu après 28 jours…

En 2012, les autorités de santé européennes (EFSA, European Food Safety Authority et la Commission européenne), après examen des données scientifiques, ont estimé que les TCM ne peuvent PAS prétendre aider à perdre du poids, que ce soit par augmentation de la satiété, diminution de l’accumulation des graisses ou intensification du métabolisme de base.

NON, l’huile de coco n’est pas « anti-tout » !!

Hoax Huile de Coco

Au mieux, une ou deux études en laboratoire auraient mis en évidence quelques-unes de ces propriétés, mais les résultats doivent être étayés par d’autres études plus poussées, ce qui n’est pas le cas.

Concernant l’effet antibactérien au niveau ORL : l’effet anti-bactérien cité fait sûrement référence à la technique du «oil pulling», un gargarisme de bouche à base d’huile de coco, qui a bel et bien été testé en laboratoire. La technique semble avoir un effet, MAIS :
  • L’huile de coco a un effet antimicrobien contre les bactéries S. mutans et C. albicans, mais elle n’a aucun effet contre le L. casei (alors que les rince-bouche typiques oui).
  • Dans cette étude, on a déterminé que des sujets qui ont utilisé le «oil pulling» avaient moins de bactéries buccales après deux semaines de traitement quotidien, oui mais ceux qui ont utilisé un rince-bouche typique ont vu cette réduction après 24 heures seulement !
  •  Les chercheurs recommandent qu’on se brosse les dents après le traitement, donc comment savoir si l’effet provient du gargarisme ou du brossage ?
  • Il faut se gargariser à l’huile pendant 10 à 15 minutes (!) à chaque traitement pour que ce soit efficace. C’est très long …
  • Enfin, point noir de la technique : l’huile qui reste dans votre bouche pendant 15 minutes sera bourrée de bactéries. En se gargarisant pendant une aussi longue période, il est très possible d’aspirer des petites gouttelettes d’huile de coco+bactéries et ainsi attraper une pneumonie lipoïde !
Concernant l’effet « anti-cancer » : au contraire, les personnes dont l’alimentation est riche en matières grasses sont plus susceptibles d’être en surpoids, et la recherche démontre que l’embonpoint et l’obésité font augmenter le risque de cancer.

NON, l’huile de coco ne stabilise pas la glycémie ni les niveaux d’insuline, et ne réduit pas votre risque cardiaque !

Il y a confusion entre l’huile de coco et LA NOIX de coco. En effet, contrairement à l’huile, la noix de coco contient une quantité élevée de fibres alimentaires (un ensemble de substances uniquement contenues dans les produits végétaux et qui ne sont pas digérées par l’organisme). En plus de prévenir la constipation, une alimentation riche en fibres peut contribuer à réduire l’incidence des maladies cardiovasculaires, ainsi qu’à contrôler le diabète de type 2 et l’appétit.

Par ailleurs, il est ridicule d’affirmer que « les Polynésiens, qui consomment plus de 60 % de leurs calories totales en provenance de la noix de coco, ont montré dans une étude une santé superbe et aucun cas de maladie cardiaque ». Il y a en effet un lien de corrélation mais en aucun cas un lien de causalité ! De plus, cette étude parle de la noix de coco, et non de l’huile en particulier !

NON, l’huile de coco ne stimule pas la fonction thyroïdienne !

Il n’y a aucune molécule entrant dans la composition de l’huile de coco, qui pourrait avoir cet effet. Encore une fois, il y a confusion avec la noix de coco. Dans sa composition, on retrouve la présence de Zinc et de Sélénium, qui contribuent au bon fonctionnement de la glande thyroïde (et autres organes), mais en aucun cas ils ne peuvent soigner un malade de la thyroïde. Ils agissent seulement en qualité de nutriments.

NON, l’huile de coco ne tue pas le candida !

Il n’y a aucune preuve que l’huile de coco ait une quelconque action antifongique.


 

AVIS Hoax-Net : dans tous les cas, n’arrêtez jamais un traitement prescrit par votre médecin, sans lui en avoir parlé au préalable. Certaines thérapies alternatives peuvent être complémentaires aux traitements classiques, mais toujours sous suivi médical, sous peine de risquer une aggravation de votre maladie ou l’apparition d’effets indésirables plus ou moins graves.


Sources : Passeportsante – FranceAlzheimerEurekasantéToxnetSociété Canadienne du Cancer – L’inspecteur viral – 


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