Non, l’origine du Black Friday n’est pas la braderie des esclaves sur le marché public !

Voilà une description de l’origine  du « Black Friday » qui dit que cela viendrait de la vente d’esclaves aux États-Unis. Elle est reprise par beaucoup de médias Africains et de pages Facebook (avec l’image ci-dessous),   c’est tout à fait FAUX.

Le Black Friday vient de s’achever en cette fin Novembre et pourtant l’intox continue de tourner sur les réseaux sociaux. La légende urbaine porte sur les origines  de l’expression venue des Etats-Unis. « Pendant la traite négrière, le Black Friday désignait la braderie sur le marché public des esclaves qui n’avaient pas encore trouvé de maître de plantation, » explique par exemple la page Sociologie des Afro sur Facebook, dans un post qui a été partagé à ce jour 6 200 fois.
Cet hoax est né aux Etats-Unis, puis comme bien souvent, est arrivé en France, en Belgique, mais aussi en Afrique du Sud et au Maroc.

Comme nous l’explique 20minutes.fr, on trouve des traces de l’expression « Black Friday » au XIXe siècle aux États-Unis, c’est en référence à un crash financier qui a eu lieu à la Bourse de New York en 1869, et non pas en référence à une quelconque vente d’esclaves. A l’époque, deux spéculateurs tentent de manipuler le cours de l’or. Le 24 septembre, le cours s’effondre. La journée devient alors connue sous le nom de « Black Friday. »
Le terme va réapparaître à Philadelphie, dans les années 1960. Le terme fait alors référence aux embouteillages qui paralysent la ville, les curieux venant faire les boutiques le lendemain de Thanksgiving. Ces mêmes curieux restaient en ville pour assister le lendemain au match de football américain Army-Navy, match qui est une institution.
Cette expression a été inventée par les policiers, explique CNN. A leur tour, les commerçants s’approprient le terme pour décrire la folie commerciale. « C’était un double coup dur, détaille Bonnie Taylor-Blake, une chercheuse interrogée par la chaîne américaine. Les policiers en charge de la circulation devaient travailler douze heures d’affilée.

Mais le premier usage connu de l’expression en ce sens remonte à 1981, près de 20 ans après l’apparition de l’expression à Philadelphie. Cette histoire de profits n’est donc pas la véritable origine du Black Friday. C’est bien la situation à Philadelphie qui a popularisé l’expression.

Depuis, le Black Friday a essaimé à travers le monde. Au Québec, le Black Friday est devenu le Vendredi fou. Une manière de décrire la fièvre acheteuse ?
A noter, l’équivalent du Black Friday au Canada, plus communément appelé l’action de grâce, qui se déroule en octobre.
Le Black Friday tire donc ses principales origines des États Unis et du Canada. Ce jour marque le départ d’une période d’achats qui dure jusqu’aux fêtes de fin d’année, au cours de laquelle les prix sont extrêmement bas.


Parce que, comme expliqué ci-dessus, le « Black Friday » ne concerne pas  un « Marché de l’esclavage » qui de plus, a été aboli en 1865 aux États-Unis, mais   un crash financier qui a eu lieu à la bourse de New York en 1869.



Cette photo virale en 2019 a été mise au grand jour le 1er Novembre 2016 par Chris Owen auteur d’un livre appelé « Every Mother’s Son is Guilty » (trad : « Le fils de chaque mère est coupable ») et dont le sous-titre est « Policing the Kimberley Frontier of Western Australia 1882 – 1905 » (trad :Maintien de l’ordre à la frontière de Kimberley en Australie occidentale 1882 – 1905″).
La photo (qui a été colorisée) est d’ailleurs la couverture du livre comme on le voit ci-dessous :

Ainsi, par ce livre on se rend compte tout d’abord que la photo a été prise en Australie, et qu’il ne s’agit pas d’un marché d’esclave noir, des prisonniers en Australie :

  • Chris Owen fournit un récit convaincant des activités de police dans le district de Kimberley de 1882, année de l’instauration de la police, à 1905, année de la publication de la très controversée Commission royale sur le traitement des peuples autochtones du Dr. Walter Roth.
  • L’objectif d’Owen est de prendre des éléments de toute l’historiographie préexistante et de les confronter à une enquête archivistique rigoureuse. Ce faisant, une compréhension plus complète des changements sociaux, économiques et politiques complexes qui se produisent en Australie occidentale au cours de la période est exposée. La police des peuples autochtones est passée d’une protection légale à une sanction et à un contrôle.
  • La violence qui s’en est suivie dans les colonies de peuplement et dans le système de police et de justice pénale associé, qui a abouti à une légalité douteuse, a été qualifiée de «situation brutale et scandaleuse» par le commissaire royal Roth.
  • Le fils de chaque mère coupable représente une contribution importante à l’histoire de la justice pénale australienne et coloniale.

Concernant l’origine de la photo, dans un article du « theguardian.com » datant du 19 Juin 2017, on nous dit qu’elle représente une centaine de prisonniers autochtones, hommes et garçons, enchaînés au cou, à Wyndham, la petite ville portuaire de la fin du XIXe siècle créée pour servir les industries pastorale et minière du Kimberley. La photo a été prise entre 1898 et 1906.

Une autre confirmation publiée dans ce sens par « The Gardian » avec cette photo publiée par l’auteur Kimberley tracker (1995)


Si il s’agit bien de colonialisme et d’une forme d’élimination de la population autochtones par la police et justice Australienne, ce n’est pas aux États-Unis d’où est originaire le « Black Fridays », mais en Australie.

Voici encore une publication faisant la relation entre le « Black Friday » et l’esclavage dans son titre et image.

Elle date, comme on le voit ci-dessus, de Novembre 2017 et a été publiée par la TV Régionale BX1.Be.
Nous  l’avons rappelé dans cet article mis à jour, le « Black Friday » n’est pas en relation avec un « marché des esclaves », mais un  crash financier qui a eu lieu à la Bourse de New York en 1869.
On cite dans cet article Amnisty International avec un lien vers une pétition et lorsque l’on va sur ce lien, on se rend compte tout de suite que c’est le site d’Amnisty International Belgique, qu’il n’y a plus de pétition puisque terminée et qu’a aucun moment on ne parle du « Black Friday ».
Ce média régional a donc fait à l’époque un très court raccourci entre une vraie actualité et le « Black Friday », rendant sa publication Fausse.


Et enfin cerise sur le gâteau, l’image est Fausse elle aussi, elle provient d’un montage de 2017 du site parodique « nordpresse » :


Avec une recherche image inversée, on retrouve la photo originale sur des banques d’images dès 2013 :

Cette photo apparaîtra pour la première fois sur le web pour une campagne anti racisme en Avril 2017 :


Et enfin, elle sera utilisée pour le montage d’une fausse publication d’Amnisty International faisant allusion au « Black Friday » en Novembre 2017.
A noter que ce montage nordpresse se retrouvera sur beaucoup de médias Belges mais aussi étrangers avec ou sans le logo d’Amnisty International.
Un article du « Nouvel Obs » datant du 28 Novembre 2017 parle d’ailleurs de cette fausse campagne Amnisty International qui aurait causé le blocage de nordpresse par Facebook :

Voilà qui remettra les pendules à l’heure.

20minutes.frlefigaro.frebooks.library.cornell  – CNN.comWikipédia/Black Friday (shopping)  –  Snopes.comlibération.fr
Sources Mise a jour : booktopia.comtheguardian.comamnesty.be/petitions  – nordpresse.be – nouvelobs.com/20171128