Sur le web, de nombreux sites répandent des infox liées à l’alimentation, à la santé et plus généralement aux sciences. Ces sites, qui ont fait de la rumeur leur modèle économique, jettent volontairement le flou sur des études scientifiques publiées en anglais pour s’acheter une crédibilité.
Quelques exemples de désignation mensongère et racoleuse :
-Découvrez les bienfaits miraculeux du citron !”,
– Le « COROSSOL » ou le fruit du graviola est un tueur de cellules cancéreuses naturel miraculeux 10.000 fois plus fort que le chimio.
-Le café contre le cancer.
-l’ail guérit le cancer.
-Vitamine C en intraveineuse tue le cancer.
-La marijuana tue le cancer.
-la cure BREUSS guérit le cancer en 42 jours.
Vous avez certainement déjà vu passer des titres racoleurs sur Internet, qui attisent notre curiosité et jouent avec nos inquiétudes. Peut-être même avez-vous déjà cliqué dessus pour en savoir plus.
Derrière ces “articles” et publications sur les réseaux sociaux se cachent souvent de pseudo sites médicaux promettant des miracles pour mieux vendre leurs produits, et parfois même des lobbies qui diffusent de fausses études pour défendre leurs propres intérêts.
Si la santé est un domaine idéal à la prolifération des fake news, c’est qu’il est très difficile de vérifier leur véracité soi-même, tant les sujets sont spécifiques. Ainsi, les fausses informations de santé nous inondent et il n’est pas toujours évident de les repérer !
Si vous vous sentez concerné, rassurez-vous, vous n’êtes pas seuls.
Un sondage a révélé que 44 % des Français ont déjà été confrontés à des fake news sur le web et les réseaux sociaux, et que plus de la moitié d’entre eux y ont cru.
Parmi les sujets santé qui intéressent le plus, et sont donc plus susceptibles d’être la cible de fausses informations : les médicaments et les soins (vaccination, médecine alternative…), les pathologies (diabète, VIH, anorexie…) ou encore la nutrition (régime, compléments alimentaires…).
Malheureusement, au-delà de discréditer la médecine et la recherche, ces informations peuvent avoir de graves conséquences sur notre santé, comme le renoncement aux soins.
Interrogé au cours d’une conférence sur les fake news en santé, le Dr Jean-Baptiste Méric, oncologue et directeur du pôle santé publique et soins de l’Institut National du Cancer (INCa), a tenu à alerter sur les contenus dits préventifs : “Sur le cancer, il y a beaucoup de fake news. Et parfois, on est prêt à croire en n’importe quel remède, comme la consommation de curcuma ou de jus de citron, pour prévenir ou lutter contre la maladie,
Les méthodes fausses ou tronquées préconisées par des sites sur le web et des pages de pseudo-médecine sur les réseaux sociaux étant plus attrayantes et moins contraignantes que celles prescrites par les médecins séduisent, allant jusqu’à modifier les comportements de ceux atteint par une maladie grave :
renoncer aux soins, se tourner vers une médecine alternative ou vers des publications attractives mais mensongères, peut s’avérer contre-productive lorsque l’une de ces solutions n’est pas encadrée par un médecin, certain(e)s iront jusqu’à refuser un suivi médical en cours, quitte à risquer de mettre ses jours en danger.
La question qu’on nous pose très souvent dans le commentaires de nos articles à ce sujet est :
Aujourd’hui, la défiance des citoyens envers la science est un phénomène grandissant. Pour Virginie Tournay, directrice de recherche au CNRS, les causes principales de cette montée en puissance des discours alter-scientifiques auparavant ultra-minoritaires sont
- « les dérives de l’hypermédiatisation et la dérégulation du marché de l’information ».
C’est de ce terrain fertile que se nourrissent aujourd’hui les nombreux sites qui se réclament de la science pour relayer les rumeurs les plus spectaculaires sur l’alimentation et la santé.
Exemple, le site « Santé+ Magazine » qui selon « Le Monde.fr » :
Jad Therapeute est peut-être l’un des auteurs les plus influents en matière de santé auprès des internautes français en 2018.
Pourtant, Jad Therapeute n’existe pas. Il s’agit d’un pseudonyme. Au même titre que Noam Therapie, Adam Yoga, William Krasowsky ou Inès Sebban, que l’on peut trouver en signatures d’articles du site Santeplusmag.com, plus connu sous le nom de Santé + Magazine (à ne pas confondre avec Santé Magazine)
Si les auteurs de Santé+ Magazine signent leurs écrits sous des pseudos loufoques, au moins le nom de son créateur est-il connu. Il s’agit d’Othman Kabbaj, un Marocain trentenaire qui s’est installé en 2016 à Casablanca après avoir étudié puis travaillé quelques années en France. Il reconnaît publiquement n’avoir, au départ, aucune expertise en matière de santé :
« J’ai un diplôme de gestion, rien ne me prédisposait à lancer un magazine de santé et de bien-être. (…) J’ai fait des formations dans la sophrologie, j’ai pratiqué le yoga, j’ai été professeur de cuisine japonaise pendant six ans. »
Cependant, il affirme par exemple qu’il existerait un fruit « caché » par l’industrie pharmaceutique, le corossol, « car il combat le cancer ».
L’affirmation est fantaisiste en ce qui concerne tant les prétendues vertus du fruit que l’idée selon laquelle il pourrait dans l’absolu exister un remède miracle contre le cancer
Selon Cancer.be,
Bon nombres d’internautes pensent à tort, qu’il existe des ‘superaliments’ (par ex. brocoli, graines de chia, baies de goji, thé vert, curcuma, omega 3, tomates/lycopène…) faisant baisser le risque de cancer ou qu’il le guérit comme indiqué sur les réseaux sociaux.
Cependant, le cancer est une maladie multifactorielle. Cela signifie qu’il n’a jamais – ou très rarement – une cause unique. Il est donc impossible de le prévenir en ne jouant que sur un seul tableau, comme par exemple les soi-disant ‘superaliments’.
Il est par contre établi que certains aliments peuvent aider à prévenir le cancer, pas à le guérir ce qui est nettement différent, mais le risque diminuera surtout si l’alimentation saine est associée à d’autres facteurs protecteurs. Citons notamment : le maintien d’un poids sain, la pratique suffisante d’une activité physique, l’absence de tabagisme, la participation aux programmes de vaccination, etc.
Quand on entend parler de ‘superaliments’, il s’agit le plus souvent de fruits et légumes, ou d’autres aliments – souvent exotiques – d’origine végétale. Près de 10 000 substances potentiellement protectrices face au cancer ont déjà été identifiées dans les fruits et légumes. Et, en effet, les ‘superaliments’ en contiennent. Mais c’est aussi le cas d’autres fruits et légumes qui ne bénéficient pas de l’attention des médias, alors qu’ils font pourtant aussi l’objet d’études scientifiques. Et ces études semblent montrer que c’est précisément la combinaison de différentes substances qui produit un effet amplificateur ou ‘synergique’.
Pour les sites de pseudo-santé, une des méthodes les plus utilisées consiste à s’appuyer sur des sources qui émanent, pour la plupart, de sites anglophones : pour le commun des lecteurs, impossible d’évaluer la fiabilité de ces articles en langue étrangère publiés sur des sites spécialisés.
Lorsque les lecteurs ne voient que les titres des études citées, il est aussi possible d’en tirer des conclusions assez lointaines de ce qu’elles contiennent véritablement. Les arguments avancés sont alors difficilement vérifiables ou réfutables.
En utilisant des sources issues de la communauté scientifique, on utilise pour gagner l’adhésion du lecteur l’argument d’autorité : le propos est validé par son origine plutôt que par son contenu. Un procédé plutôt paradoxal dans cette situation : on utilise des sources scientifiques pour réfuter une science dite institutionnelle qui serait corrompue.
Ces sites, qui vivent de la publicité et ont donc intérêt à avoir un maximum de visiteurs, industrialisent la rumeur pour en faire leur modèle économique. La même « exclu » sera ainsi publiée des dizaines de fois sur une page Facebook, avec pour but de gagner un maximum de visibilité et faire venir les lecteurs.
Une fois sur le site, l’article complet offre par ailleurs un écosystème informationnel où le lecteur trouvera pêle-mêle publicités pour des produits de régimes, articles anti-vaccins, et autres sites du même acabit.
- En 2015, Rue89 était parvenu à joindre le fondateur du site « Santé Nutrition« , qui précisait que la publicité sur son site permettait de financer son salaire et celui de deux autres personnes. De son côté, Othman Kabbaj, qui gère le site « Santé+Magazine« , expliquait au Monde en juillet 2019 vouloir assainir sa ligne éditoriale, après avoir été mis en cause par de nombreux médias, ce qui aurait abouti à une forte baisse de revenus
Mais la publicité n’est pas le seul nerf de la guerre ; certains sites utilisent désormais les données personnelles recueillies pour les revendre au plus offrant. Selon un article de janvier 2018 du magazine « Que Choisir« , c’est le cas de « Santé Nature Innovation« . Ce site très fréquenté, qui diffuse de nombreuses rumeurs et contre-vérités sur la santé, ne se contente pas de vendre des produits à des lecteurs captifs, mais revend des fichiers collectés notamment via des campagnes de dons et des pétitions.
Ainsi des milliers de pages sur Facebook (entre autres…) portant le nom de sites pseudo-médicaux du web et dont les infox jouent avec votre santé peuvent publier sans que les réseaux sociaux n’interviennent. Les infox sur la Santé ont donc encore un long avenir devant eux en toute impunité.
cancer.be – clemi.fr (1) – mgefi.fr(2) – Le Monde.fr – Rue89
Juin 21 2023
Attention aux sites et pages sur les réseaux sociaux qui vantent des remèdes miraculeux de guérison d’une maladie !
Sur le web, de nombreux sites répandent des infox liées à l’alimentation, à la santé et plus généralement aux sciences. Ces sites, qui ont fait de la rumeur leur modèle économique, jettent volontairement le flou sur des études scientifiques publiées en anglais pour s’acheter une crédibilité.
Quelques exemples de désignation mensongère et racoleuse :
Vous avez certainement déjà vu passer des titres racoleurs sur Internet, qui attisent notre curiosité et jouent avec nos inquiétudes. Peut-être même avez-vous déjà cliqué dessus pour en savoir plus.
Derrière ces “articles” et publications sur les réseaux sociaux se cachent souvent de pseudo sites médicaux promettant des miracles pour mieux vendre leurs produits, et parfois même des lobbies qui diffusent de fausses études pour défendre leurs propres intérêts.
Si la santé est un domaine idéal à la prolifération des fake news, c’est qu’il est très difficile de vérifier leur véracité soi-même, tant les sujets sont spécifiques. Ainsi, les fausses informations de santé nous inondent et il n’est pas toujours évident de les repérer !
Si vous vous sentez concerné, rassurez-vous, vous n’êtes pas seuls.
Parmi les sujets santé qui intéressent le plus, et sont donc plus susceptibles d’être la cible de fausses informations : les médicaments et les soins (vaccination, médecine alternative…), les pathologies (diabète, VIH, anorexie…) ou encore la nutrition (régime, compléments alimentaires…).
Malheureusement, au-delà de discréditer la médecine et la recherche, ces informations peuvent avoir de graves conséquences sur notre santé, comme le renoncement aux soins.
Interrogé au cours d’une conférence sur les fake news en santé, le Dr Jean-Baptiste Méric, oncologue et directeur du pôle santé publique et soins de l’Institut National du Cancer (INCa), a tenu à alerter sur les contenus dits préventifs : “Sur le cancer, il y a beaucoup de fake news. Et parfois, on est prêt à croire en n’importe quel remède, comme la consommation de curcuma ou de jus de citron, pour prévenir ou lutter contre la maladie,
Les méthodes fausses ou tronquées préconisées par des sites sur le web et des pages de pseudo-médecine sur les réseaux sociaux étant plus attrayantes et moins contraignantes que celles prescrites par les médecins séduisent, allant jusqu’à modifier les comportements de ceux atteint par une maladie grave :
La question qu’on nous pose très souvent dans le commentaires de nos articles à ce sujet est :
Aujourd’hui, la défiance des citoyens envers la science est un phénomène grandissant. Pour Virginie Tournay, directrice de recherche au CNRS, les causes principales de cette montée en puissance des discours alter-scientifiques auparavant ultra-minoritaires sont
C’est de ce terrain fertile que se nourrissent aujourd’hui les nombreux sites qui se réclament de la science pour relayer les rumeurs les plus spectaculaires sur l’alimentation et la santé.
Exemple, le site « Santé+ Magazine » qui selon « Le Monde.fr » :
Si les auteurs de Santé+ Magazine signent leurs écrits sous des pseudos loufoques, au moins le nom de son créateur est-il connu. Il s’agit d’Othman Kabbaj, un Marocain trentenaire qui s’est installé en 2016 à Casablanca après avoir étudié puis travaillé quelques années en France. Il reconnaît publiquement n’avoir, au départ, aucune expertise en matière de santé :
Cependant, il affirme par exemple qu’il existerait un fruit « caché » par l’industrie pharmaceutique, le corossol, « car il combat le cancer ».
L’affirmation est fantaisiste en ce qui concerne tant les prétendues vertus du fruit que l’idée selon laquelle il pourrait dans l’absolu exister un remède miracle contre le cancer
Selon Cancer.be,
Bon nombres d’internautes pensent à tort, qu’il existe des ‘superaliments’ (par ex. brocoli, graines de chia, baies de goji, thé vert, curcuma, omega 3, tomates/lycopène…) faisant baisser le risque de cancer ou qu’il le guérit comme indiqué sur les réseaux sociaux.
Cependant, le cancer est une maladie multifactorielle. Cela signifie qu’il n’a jamais – ou très rarement – une cause unique. Il est donc impossible de le prévenir en ne jouant que sur un seul tableau, comme par exemple les soi-disant ‘superaliments’.
Pour les sites de pseudo-santé, une des méthodes les plus utilisées consiste à s’appuyer sur des sources qui émanent, pour la plupart, de sites anglophones : pour le commun des lecteurs, impossible d’évaluer la fiabilité de ces articles en langue étrangère publiés sur des sites spécialisés.
Lorsque les lecteurs ne voient que les titres des études citées, il est aussi possible d’en tirer des conclusions assez lointaines de ce qu’elles contiennent véritablement. Les arguments avancés sont alors difficilement vérifiables ou réfutables.
En utilisant des sources issues de la communauté scientifique, on utilise pour gagner l’adhésion du lecteur l’argument d’autorité : le propos est validé par son origine plutôt que par son contenu. Un procédé plutôt paradoxal dans cette situation : on utilise des sources scientifiques pour réfuter une science dite institutionnelle qui serait corrompue.
Ces sites, qui vivent de la publicité et ont donc intérêt à avoir un maximum de visiteurs, industrialisent la rumeur pour en faire leur modèle économique. La même « exclu » sera ainsi publiée des dizaines de fois sur une page Facebook, avec pour but de gagner un maximum de visibilité et faire venir les lecteurs.
Une fois sur le site, l’article complet offre par ailleurs un écosystème informationnel où le lecteur trouvera pêle-mêle publicités pour des produits de régimes, articles anti-vaccins, et autres sites du même acabit.
Mais la publicité n’est pas le seul nerf de la guerre ; certains sites utilisent désormais les données personnelles recueillies pour les revendre au plus offrant. Selon un article de janvier 2018 du magazine « Que Choisir« , c’est le cas de « Santé Nature Innovation« . Ce site très fréquenté, qui diffuse de nombreuses rumeurs et contre-vérités sur la santé, ne se contente pas de vendre des produits à des lecteurs captifs, mais revend des fichiers collectés notamment via des campagnes de dons et des pétitions.
Ainsi des milliers de pages sur Facebook (entre autres…) portant le nom de sites pseudo-médicaux du web et dont les infox jouent avec votre santé peuvent publier sans que les réseaux sociaux n’interviennent. Les infox sur la Santé ont donc encore un long avenir devant eux en toute impunité.
cancer.be – clemi.fr (1) – mgefi.fr(2) – Le Monde.fr – Rue89
By Team Hoax-Net • Médical/Santé • • Tags: cancer, guérison instantanée, page pseudo-médicale, remède cancer, remède maladie grave, remède miraculeux, site pseudo-médical