Ces 2 photos virales sont vraies, mais en réalité, il n’y a aucun enfant palestinien!

Depuis le début octobre 2023, suite au conflit Israélo-Palestien, cette photo de la page Facebook L’Hexatrône,  mais aussi d’autres utilisateurs l’ayant prise à leur compte est partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux.
Le texte sur la photo est inscrit comme suit :

J’aimerais un jour allumer la télé et entendre aux infos

Aujourd’hui rien de spécial.

La paix règne sur la Terre,

Bonne journée !

L’image est supposée montrer un enfant Palestinien et un enfant Israélien se tenant amicalement par les épaules.

Cependant, cette photo n’a pas été réalisée pour soutenir l’espérance d’une paix générale sur Terre, puisque sur cette dernière on voit un supposé enfant Israélien accompagnant un autre enfant supposé être Palestinien, cela ne concerne donc pas tous les conflits ou guerres sur la planète.

En recherchant l’origine réelle de cette photo pour savoir s’il s’agissait ou non d’une véritable photo ou d’une photo montage nous avons pu mettre la main sur le site forward.com qui nous explique le contexte réel de cette photo.

Photo originale non recoupée :

Il s’agit d’une mise en scène et il n’y a aucun enfant Palestinien sur ces photos.

Cette photo date de 1993 et est l’œuvre de Ricki Rosen (au centre ci-dessous), journaliste américaine  qui couvre le conflit Israélo-Palestinien depuis 26 ans.

Ses travaux, proches du documentaire, ont déjà été publiés dans le New-York Times, les magazines Time, Newsweek, Paris Match, et Stern en Allemagne… De grands titres qui ont fait d’elle l’une de leurs correspondantes au Proche-Orient.

En 1993, Ricki Rosen a pris la photo en mission pour Maclean’s, le plus grand magazine d’information national du Canada, pour une couverture sur les Accords de paix d’Oslo (ce sont les discussions menées en secret entre des négociateurs Israéliens et Palestiniens à Oslo en Norvège, pour poser les premiers jalons d’une résolution du conflit).

Elle a dit :

  • que le directeur artistique du magazine avait été très précis dans ce qu’il voulait et qu’il lui a même dessiné un tableau, à savoir un garçon avec une kippa, l’autre dans un keffieh photographiés de dos et marchant sur une longue route, qui était censée symboliser la route vers la paix.
  • Il ne se souciait pas de savoir si les garçons étaient réellement des Israéliens ou des Palestiniens, pas plus que cela ne lui est venu à l’esprit que le keffieh du Palestinien serait d’une manière plus typique pour les hommes Palestiniens âgés que pour les jeunes garçons.

C’était une illustration symbolique, a déclaré Rosen, « elle n’a jamais été supposée être une photo documentaire. »

  • Une deuxième photo sur le même thème montrant ces deux jeunes garçons de face sur la promenade Sheroveret beaucoup moins médiatisée fait partie d’une série pour le même magazine (ci-dessous).

Elle a également pris d’autres photos de faits réels.

Ricki Rosen, qui vivait également à Abu Tor, (un quartier mixte Juif et Arabe de Jérusalem-Est, construit sur une proéminence au sud de la vieille ville)

  • a demandé à son voisin Haim Shapiro, alors journaliste pour le Jerusalem Post, si son jeune fils Zvi et l’ami de ce dernier étaient ouverts à participer à un shooting photo mis en scène, dans lequel ces derniers auraient pour but d’incarner un garçon Juif au coté de son ami Palestinien.

En réalité, et c’est l’autrice elle-même qui l’avoue,

Les garçons sur la photo ne sont pas un Israélien et un Palestinien, mais deux Juifs Israéliens.

Le garçon Israélien dans le kanumulke est le fils de deux Israéliens américains séculiers, Zvi Shapiro. Le garçon Palestinien est Zemer Aloni, un Juif Israélien.

Le seul aspect réel de la photo est que les garçons étaient en effet de vrais amis et que la photo a été prise dans leur quartier de Jérusalem d’Abu Tor, qui chevauche la ligne d’armistice 1949 et contient à la fois une section Juive et Arabe.

Les garçons ont grandi du côté Juif du quartier, et bien qu’ils se souviennent tous les deux d’interactions avec les Palestiniens, ils n’avaient aucun amis proches de l’autre côté de la ligne.

Les relations se sont complètement effondrées après la première Intifada, et les Palestiniens avaient très peur d’être considérés comme des collaborateurs des Israéliens parce-que certains d’entre eux avaient été tués. » Au lieu de cela, Aloni, le meilleur ami de Shapiro, qui vivait à l’extérieur, portait le keffieh.  Aloni a déclaré que le fait qu’il avait des « racines orientales » de par son père étant Juif Iranien avait fait de lui un choix approprié pour ce rôle.

Le jour du shooting, Ricki Rosen a apporté un keffieh qu’elle avait l’habitude d’avoir sur son tableau de bord pour ses voyages en Cisjordanie depuis la première Intifada  pour éviter que son véhicule ne soit la cible de lancés de pierres et de cocktails Molotov, et en a revêtu Aloni, âgé de 12 ans. Il a donc endossé ce rôle, et les deux ont donc fait une ballade prenant la pose sur la promenade de Sherover.

« Ricki nous a dit de nous parler l’un à l’autre en nous promenant», a déclaré Shaprio, avant de rajouter qu’elle avait réalisé plusieurs photos ce jour-là, dont une de face (vue plus haut) qui est bien plus rarement reproduite et/ou partagée que la photo vue de dos.

Enfin en 2002, la photo a été numérisée dans le cadre de la collection de Rosen sur Corbis Images, une société basée à Seattle qui gère l’octroi de licences pour des photographies éditoriales et créatives.

Sur le site Web de Corbis, rien n’indique que la photographie soit fausse; elle est classée comme étant une image en stock sous la rubrique « Nouvelles ». Pourtant, même si la photo est protégée par les droits d’auteur, la grande majorité des reprises en ligne qui sont effectuées de celle-ci, le sont sans la connaissance ou l’autorisation de Rosen ou de Corbis. Sur certains sites, comme celui de Tikkun, la photographie est créditée comme Creative Commons, ce qui signifie que n’importe qui peut l’utiliser – une catégorisation que Rosen n’a pour autant jamais acceptée. N’ayant pas le contrôle des endroits où l’image apparaît, Rosen avoue qu’elle est donc dans l’incapacité d’expliquer à ceux qui voudraient l’utiliser, que la photo est une mise en scène, ajoutant de ce fait qu’elle n’a pas non plus été correctement indemnisée pour son travail.

Après la séance photo, Shapiro et Aloni sont restés des amis proches pendant quelques années, mais ont commencé à s’éloigner l’un de l’autre dès leur entrée collège.

En 2014 :

« L’une des choses que je ressens à ce sujet est une certaine tristesse », a déclaré Shapiro. « Il y a eu une brève période où ça ne semblait pas aussi farfelu que ça ne l’est aujourd’hui. Ça aurait pu être ma naïveté quand j’étais enfant, mais j’ai le sentiment que ça symbolisait presque quelque chose que nous avons perdu et que j’espère nous pourrons retrouver.

« Je pense que l’on croit sincèrement que si une solution pacifique est trouvée, il peut y avoir non seulement la paix, mais aussi de la camaraderie et une véritable amitié.  »

La photo est réelle et fait partie d’une série de clichés.

La photo est une mise en scène réalisée en 1993.

La photo ne montre pas un enfant israélien et un enfant palestinien.

Il n’y a pas d’enfant palestinien sur cette photo.

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