Irak : rien ne prouve que trois jihadistes de Daesh aient été tués par des sangliers.

La quasi totalité des médias a relayé cette news digne d’un article d’un site satirique par son titre et son contexte selon lequel « trois terroristes de Daesh auraient été tués par des sangliers … »
Imaginez-vous des terroristes, dont le quotidien est de faire exploser des bombes et tuer des humains, qui se seraient fait tuer par des sangliers en furie ? Quelle ironie ce serait !

Parmi ces médias, on peut citer Le Parisien, Le Figaro, The Times, France Soir, mais aussi 20 Minutes et BFM TV, qui ont quant à eux décidé de faire une mise à jour leur article en publiant un démenti du fake.

Tout d’abord, est-ce possible ?

Dans l’absolu pourquoi pas, des personnes ont déjà été tuées par des sangliers, comme par exemple cet octogénaire italien en promenade qui a dérangé une laie et ses petits.
Un sanglier est sauvage, potentiellement dangereux, mais aucun témoignage ne rapporte un tel carnage (3 hommes tués et 5 autres blessées au même endroit, selon des « sources »).
Ça fait beaucoup … Le mâle adulte est généralement un « solitaire » et la femelle est reconnue dangereuse quand elle sent ses petits menacés, mais elle ne possède pas de défense (elle peux toutefois charger et mordre). Autant il existe des témoignages (mais surtout des fantasmes) sur des prédateurs en bande comme les loups (carnivores), autant on n’en trouve aucun sur les hardes de sangliers qui tueraient délibérément !

Ça c’est passé ici.

Les différents médias anglo-saxon rapportent des sources irakienne. Mais les histoires divergent :

Dans l’une : « Un troupeau de sanglier a tué trois militants de l’État islamique et a blessé cinq autres en Irak alors que les extrémistes ont mis en place une embuscade, selon les sections locales.
Les hommes auraient pris couverture dans un lit de roseaux près des champs dans les montagnes d’Hamrin, à environ 55 milles au sud-ouest de Kirkuk.
Le cheikh Anwar al-Assi, chef de la tribu Ubaïd locale et superviseur des forces anti-Isis, a déclaré au Times que huit combattants s’étaient cachés dans des roseaux denses. « Il est probable que leur mouvement a perturbé un troupeau de cochons sauvages, qui habitent la région ainsi que les champs de maïs à proximité « , a-t-il dit. « La zone est dense avec des roseaux, ce qui est bon pour se cacher ».

Dans une autre source, l’histoire est racontée différemment : ce seraient des « réfugiés » qui auraient découvert les corps des djihadistes, sans armes à leurs côtés.

Il faut savoir que sur le site de la principale des sources, Alsumaria, l’article n’est pas trouvable par moteur de recherche.

Et ensuite, BFM, 20 minutes et le Bien public ont publié des démentis à quelques heures d’intervalle (mais sans sources, juste en disant que « ça c’était avéré faux »). Bref, les circonstances et les dates ne sont pas très claires non plus…

Un article de Rue 89 (alors que nous écrivons cet article) raconte bien la démarche de propagation de ce genre de « news »…

Notons que dans un monde ou le moindre fait est illustré d’images, pas une photo ni une vidéo ne vient attester la thèse des « sangliers tueurs »…
Quant à la prolifération des sangliers dans cette région irakienne, il existe bien un article de Alsumaria, daté de 2013…  et dont la vidéo n’est plus active.
On dira que … c’est l’homme qu’a vu l’homme qu’a vu l’homme qui s’est fait bouffer par le sanglier…
Nous constatons qu’une fois de plus, les médias, qu’ils soient fiables ou non, s’obstinent à chercher à tout prix l’exclusivité, en préférant publier des infos à la va-vite, quitte à devoir démentir ensuite, ou même supprimer leur article, ce que sur le net, on peut faire très vite contrairement à nos bons vieux journaux en papier …

Publication originale de BFMTV :


Démenti remplaçant l’article original :

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Sources : BFMTVLe Figaro – WikipédiaGoogle MapsThe Telegraph20 Minutes – Bien publicNouvel ObsAlsumaria –  The Times