Non, demander des essais cliniques pour la chloroquine n’est pas un acte meurtrier !


Mr Macron vous prenez le peuple français pour des cons ! J’ai été militaire durant 9 ans et tout mes anciens compagnons confirmerons mes dires !
Nous sommes partis en opération en Afrique nous devions prendre TOUT LES JOURS de la nivaquine (chloroquine) et cela durant 4 mois ou étais les essaie clinique ?
Aujourd’hui j’ai 49 ans, je vie normalement et on nous dis qu’il faut faire des essais clinique alors qu’on va atteindre le millier de mort en France vous êtes un meurtrier !!!

En ces temps de pandémie, une des questions qui revient régulièrement dans les commentaires sur les réseaux sociaux, et notamment dans ce post partagé de nombreuses fois sur Facebook, est celle de l’utilisation de la chloroquine, ou de son dérivé, l’hydroxychloroquine, dans le traitement du Covid-19. Mais pourquoi diable le gouvernement français traîne à vouloir utiliser ce soi-disant remède miracle pour soigner les malades atteints du nouveau coronavirus SARS-CoV-2 ?

Qu’est-ce que la chloroquine ?

La chloroquine est un médicament utilisé dans la prévention et le traitement du paludisme, mais aussi en rhumatologie et en dermatologie.

L’hydroxychloroquine est une molécule dérivée de la chloroquine. Elle est notamment utilisée dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et de certains lupus.

Pourquoi on ne peut pas comparer des pommes et des poires ?

Le premier point absolument aberrant de cet hoax est l’affirmation selon laquelle :

  • « les militaires en opération en Afrique devaient prendre tous les jours de la Nivaquine (chloroquine) sans qu’il n’y ait jamais eu d’essais cliniques » !

Contrairement à ce qui est dit, la chloroquine a obtenu une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) POUR UNE INDICATION PRÉCISE (la prévention du paludisme), A UN DOSAGE PRÉCIS (100 mg par jour) suite à de nombreux ESSAIS CLINIQUES débutés dans les années 30. Autrement dit, comme la plupart des médicaments, elle a le droit d’être utilisée dans certaines maladies parce qu’elle a été testée pour traiter ces maladies uniquement, et le Covid-19 n’en fait pas partie !

Le deuxième point, c’est de sous-entendre que la chloroquine ne donne pas d’effets secondaires (l’auteur affirme qu’il a 49 ans et qu’il « vit normalement »). Peut-être que ce monsieur n’a pas eu d’effets indésirables, et tant mieux pour lui, mais il faut savoir que la chloroquine peut provoquer des troubles cardiaques, des troubles gastro-intestinaux et des problèmes de vue importants. (voir les paragraphes « Effets indésirables » et « Mises en garde » de la notice de ce médicament). Sur des personnes déjà très affaiblies par le Covid-19, ces effets indésirables pourraient être catastrophiques.

Alors, c’est quoi cette histoire de chloroquine efficace contre le nouveau coronavirus ?

1/ Au départ, une étude chinoise parue le 4 février 2020 affirme que la chloroquine aurait une efficacité contre le SARS-Cov-2, mais in vitro (dans des tubes à essai et non sur des malades). Rien n’est encore prouvé à ce stade-là de la recherche, donc les autorités ne prennent pas cette étude au sérieux pour le moment : il faut qu’elle soit validée par des pairs et, concrètement, validée sur des personnes malades.

Une autre étude chinoise (Gao 2020), réalisée cette fois sur une centaine de patients, aurait montré une supériorité de la chloroquine face à l’absence de traitement. Ces résultats sont toutefois préliminaires et n’ont été partagés à la communauté scientifique que de façon descriptive, dans un éditorial : l’étude n’a pas encore été publiée ! Il est donc impossible d’y avoir accès et de pouvoir contrôler si tout a été fait dans les règles.

2/ Malgré cela, beaucoup de gens se ruent sur cette molécule pouvant être dangereuse (elle est disponible uniquement sur ordonnance), surtout qu’elle est utilisée à des doses au moins 5 fois plus élevées que la dose habituelle, et c’est là que c’est important !

L’auteur de cet hoax affirme que de nombreuses personnes sont régulièrement traitées par chloroquine sans soucis (ni effets secondaires ni décès), oui mais ce n’est pas comparable puisque la dose n’est pas la même : dans cette étude, on parle d’un traitement avec un dosage de 500 mg de chloroquine alors qu’en prévention du paludisme (chez les militaires dans cet exemple), la dose utilisée n’est que de 100 mg.

Or, il est important de savoir que la chloroquine est un médicament à « marge thérapeutique étroite », ce qui signifie que la dose efficace et la dose toxique sont relativement proches, pouvant entraîner notamment des problèmes cardiaques ! L’auteur de cet hoax n’en a pas conscience. Pire, il sous-entend que les doses utilisées sont les mêmes, mais manifestement il n’est pas assez renseigné sur le sujet.

3/ Le 16 mars, le Dr Raoult, un infectiologue français et directeur de l’Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection, à Marseille, sur la base des quelques informations données par la Chine, décide de réaliser un essai clinique, mais avec une molécule cousine de la chloroquine, appelée « hydroxychloroquine ». Or, l’essai clinique du Dr Raoult comporte de nombreuses zones floues, notamment le nombre très faible de patients, ce qui fait qu’il NE PERMET PAS à ce jour d’affirmer que l’hydroxychloroquine est un traitement fiable, efficace et non dangereux pour les patients atteints de Covid-19. Il est donc logique que les autorités demandent des tests cliniques supplémentaires et dans les RÈGLES, car on ne peut pas, sous prétexte de pandémie, tuer encore plus de gens avec un traitement potentiellement dangereux, un peu « à l’aveugle » en somme.

4/ Au final, le 26 mars, un décret signé par le Premier ministre et le ministre de la santé autorise la prescription de l’hydroxychloroquine (…) contre le Covid-19. N’est-ce pas la preuve de la volonté du gouvernement de trouver des solutions contre le Covid-19 ?

5/ En parallèle, un essai clinique à grande échelle (du nom de Discovery), évaluant l’efficacité de plusieurs traitements contre la maladie Covid 19, a commencé ce dimanche 22 mars. Contrairement à ce qui avait été annoncé à l’origine, l’hydroxychloroquine fera finalement partie des traitements évalués, à la suite des résultats préliminaires communiqués par le Pr Didier Raoult. Prévu pour porter sur 3 200 patients, cet essai clinique européen (France, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne et l’Espagne) et le Royaume uni, sera adaptatif. Cela signifie que très rapidement les traitements expérimentaux inefficaces pourront être abandonnés et remplacés par d’autres molécules qui émergeront de la recherche.


Conclusion

Que l’on soit pour ou contre l’utilisation de chloroquine ou hydroxychloroquine, il est important que tout le monde comprenne qu’on ne peut pas bombarder des malades avec un traitement qui n’a pas fait suffisamment ses preuves, au risque de tuer encore plus de monde. Dans cet hoax, il est donc complètement grotesque de :

  • Comparer la prise de chloroquine à 100 mg par jour à la chloroquine à 500 mg par jour (sachant que ce médicament est rapidement toxique si on augmente la dose)
  • Affirmer que la chloroquine n’a pas bénéficié d’essais cliniques avant d’être utilisée contre le paludisme
  • Affirmer que la chloroquine ne donne pas d’effets secondaires
  • Affirmer que le gouvernement ne devrait pas réaliser d’essais cliniques, alors qu’au contraire ce serait meurtrier de traiter des patients déjà très faibles avec une molécule qui pourrait les achever si des essais cliniques n’avaient pas été réalisés en amont, avec une surveillance particulière des patients traités.

Base de données publique des médicaments20 minutesInserm – Quotidien du médecin