Déc 15 2020

Non, l’épidémie de la Covid-19 n’est pas finie comme le prétend le Dr Pierre Cave.

Un article du site « Covidinfos.net » du 8 Aout 2020 est partagé de nombreuses fois sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’une « Tribune du Dr Pierre Cave » pour le site Nexus.fr.

Ce radiologue, ancien interne et chef de clinique à Marseille, affirme que :

“le vaccin est plus dangereux que la maladie” et qu’il est nécessaire de le “refuser” au nom de “l’intérêt général”.

Tout d’abord, notons que ce n’est pas parce que ce brave homme est médecin qu’il faut donner forcément du crédit à ce qu’il raconte dans sa tribune. Déjà, il n’est pas spécialiste en immunologie ou infectiologie, et de plus, ses allégations ne sont pas étayées par des preuves scientifiques solides.

Selon journalistessolidaires.com, comme d’autres médias qualifiés et reconnus dans l’analyse d’un site, Covidinfos est :

Un site d’agrégation géré anonymement, créé durant la pandémie de Covid-19, et qui publie des informations exagérées ou sans fondement.
Créé en avril 2020, le site Covidinfos.net prétend apporter des informations fiables sur l’épidémie de Covid-19. Cependant, il ne résiste pas aux tests menés avec des outils de vérification et ne répond pas aux critères d’un site digne de confiance.
Le site Covidinfo.net, dans son ensemble, est régulièrement évoqué pour les infos qu’il relaie, mais n’en produit pas.
Son créateur est aussi à l’origine d’un forum annexe depuis août 2020 (soit 4 mois après la création du site). La communauté semble assumer son complotisme (il y a un sous-forum nommé « Le coin du complotiste »)
Covidinfo.net possède aussi un compte Twitter et une page Facebook pour le moment inaccessibles. Dans la FAQ du site, les auteurs affirment que la page a été bannie en avril, 48h après sa mise en ligne.

… où cette tribune a été publiée à l’origine, il n’est pas inutile de rappeler que :

Nexus est un magazine bimestriel australien consacré aux pseudo-sciences, à la géopolitique, aux médecines non conventionnelles, aux théories du complot et au révisionnisme historique notamment dans sa version anglophone, à l’antisémitisme et au négationnisme.
Pour Stéphane François et Emmanuel Kreis, la revue offre un « mélange d’articles sur la santé (para-médecine), la para-science, l’écologie, la spiritualité, le conspirationnisme, la crypto-histoire et l’ufologie », traités avec un style New Age.

1. Il affirme que :

L’épidémie est terminée en France, qu’il ne cesse de le répéter depuis plusieurs semaines, et que toutes les publications scientifiques confirment cette constatation donc « quelle est la nécessité de vacciner s’il n’y a plus d’épidémie ? »

Selon un article daté du 23 septembre 2020, « Le Monde.fr affirme qu’il est FAUX de prétendre que l’épidémie de Covid-19 est finie, car à l’époque, les indicateurs montraient déjà une recrudescence de la maladie.

Depuis, nous avons nous-même constaté qu’en effet, l’épidémie était loin d’être finie, contrairement à ce qu’affirmait haut et fort le Dr Cave cet été. Après avoir subit de plein fouet la seconde vague, sans vouloir verser dans le pessimisme, nous ne sommes pas à l’abri de voir surgir une troisième vague, c’est pourquoi se faire vacciner est nécessaire dès que possible.

2) Toujours selon le Dr Cave :

Plus grave, les vaccins annoncés par les laboratoires ont été élaborés en quelques semaines, avec un IMPÉRATIF COMMERCIAL DE RENTABILITÉ immédiate. Alors que normalement il faut des mois, voire des années pour mettre au point un vaccin, du moins si on respecte les critères scientifiques de sécurité sanitaire. Or, précisément dans le cas présent aucun de ces critères n’a été respecté.

Selon « Passeportsante.net/fr » :

Les premiers vaccins contre la Covid-19 devraient être commercialisés début 2021. Un exploit lorsque l’on sait que le processus de fabrication d’un vaccin prend une dizaine d’années. Cette rapidité surprend et interroge quant à son innocuité.

Un processus de fabrication accéléré mais pas bâclé

En temps normal, la fabrication d’un vaccin se décompose en plusieurs étapes. Après des tests effectués sur les animaux, trois phases sont réalisées sur l’Homme.

La première phase permet de s’assurer de l’innocuité du vaccin.
La deuxième d’évaluer la réponse du système immunitaire afin d’adapter la posologie.
La phase 3 consiste à tester le vaccin à grande échelle avant sa commercialisation.

Au vu de l’urgence sanitaire mondiale, les laboratoires ont mené ces trois phases simultanément au lieu de les faire les unes après les autres, comme c’est le cas habituellement.

Pour autant, cela ne signifie pas que les critères de sécurité aient été moins stricts que d’habitude, bien au contraire ! Ils ont simplement été menés de manière concomitante afin de gagner du temps.

A titre d’exemple, le vaccin du laboratoire américain Moderna a été globalement imaginé dès le 13 janvier 2020. La technologie nouvelle qu’il utilise, l’ARN messager, a dû subir toute une phase de tests comme n’importe quel vaccin.

On est donc loin des vaccins « élaborés en quelques semaines » comme le prétend le radiologue Pierre Cave.

3. Dr Pierre Cave ajoute :

Encore plus grave, le plus grave peut-être, et que l’industrie pharmaceutique se garde bien de souligner dit-il, c’est que les vaccins sont CONTRE-INDIQUÉS chez les sujets qui ont été contaminés (= phénomène d’interférence virale et d’amplification virale). Il s’avère qu’un grand nombre de personnes ont été contaminées par le coronavirus sans avoir des signes apparents de la maladie. Ce sont les “porteurs sains”. En effet il faut se souvenir que ce virus est peu dangereux mais très contagieux. Donc en vaccinant à l’aveugle la population dans un tel cas de figure, on mettrait en danger toutes ces personnes qui ont été contaminées sans le savoir. En d’autres termes le vaccin est plus dangereux que la maladie.

Il est totalement FAUX d’affirmer que « les vaccins contre la Covid-19 sont contre-indiqués chez les sujets qui ont déjà été contaminés » par le Sars-CoV-2 ! Aucune notice n’en fait mention, et le terme employé « interférence et amplification virale » ne veut absolument rien dire dans ce contexte.

Comme tout vaccin, ceux-ci présentent en effet des précautions d’emploi tout-à-fait classiques, et d’autres liées au manque de recul par rapport au produit.

Par exemple, la notice du vaccin de Pfizer-BioNTech précise les précautions à respecter, pour la plupart habituelles pour toute vaccination :

Une surveillance médicale doit être assurée au moment de la vaccination et des moyens suffisants pour faire face à la survenue possible d’accidents anaphylactiques (allergies) doivent être disponibles.
La vaccination devrait être reportée en cas de maladie fébrile aiguë grave.
En cas de traitement anticoagulant ou de désordre de l’hémostase contre-indiquant les injections par vie intramusculaire, la vaccination ne doit être effectuée que si le bénéfice attendu dépasse largement le risque encouru.
On ne dispose pas de données sur l’efficacité du vaccin chez les personnes présentant une immunodéficience pathologique ou médicamenteuse.
Comme avec tout vaccin, il est possible que certaines personnes vaccinées ne soient pas protégées.
On ne sait rien d’une utilisation éventuelle du vaccin « COVID-19 mRNA Vaccine BNT162b2 » chez des personnes préalablement vaccinées, partiellement ou en totalité, avec un autre vaccin anti-covid 19.

On ne sait rien à l’heure actuelle des interactions possibles du vaccin avec la fertilité, la grossesse ou l’allaitement. L’étude de toxicité sur la fonction reproductive chez l’animal n’est pas achevée. En l’état, il est donc recommandé :

De ne pas vacciner pendant une grossesse ou en période d’allaitement,
D’exclure une grossesse avant vaccination,
D’éviter la mise en route d’une grossesse dans les 2 mois suivant l’administration de la seconde dose de vaccin.

En complément, selon rtl.be » :

Les autorités sanitaires britanniques ont déconseillé mercredi d’inoculer le vaccin de Pfizer et BioNTech contre le nouveau coronavirus aux personnes ayant eu dans le passé d’importantes réactions allergiques, deux personnes ayant mal réagi aux premières injections. (…) « Les deux se remettent bien ».

Par ailleurs, affirmer que

« le virus est très contagieux mais peu dangereux »

est grotesque, puisque justement, c’est sa grande contagiosité qui fait de lui un virus très dangereux. En effet,

chaque personne infectée va contaminer au moins 3 personnes en l’absence de mesures de protection ;
une personne contaminée mais qui ne ressent pas encore de symptômes peut contaminer d’autres personnes.

A ce jour (14 décembre 2020), on dénombre en France 58 282 décès dus au Coronavirus, sans compter toutes les personnes qui ont eu des séquelles importantes suite à leur contamination. Pensez-vous que ce virus soit vraiment peu dangereux ?

Dernière absurdité :

« le vaccin serait plus dangereux que le virus » (ce qui veut dire que le vaccin tuerait plus de 60 000 personnes en 10 mois, soit une moyenne de 6000/mois !)

Tout cela est FAUX puisqu’à ce jour, aucun décès n’a été imputable à la vaccination anti-Covid-19.

Par exemple, dans le cadre des essais cliniques réalisés par Pfizer-BioNTech, sur l’ensemble des 18 904 participants vaccinés, 2 personnes de plus de 55 ans sont décédées. Cela représente une mortalité de 0,002% (contre environ 2,5% pour la Covid-19 en France). Néanmoins, ces deux décès sont imputables à un arrêt cardiaque et à une maladie des artères, des maladies liées à l’âge, sans qu’aucun lien n’ait été observé avec les doses de vaccin reçues.

Selon futura-sciences.com, les effets secondaires des vaccins sont fréquents, d’intensité légère ou modérée mais non graves. Ils comprennent le plus souvent de la fatigue, des frissons, une douleur ou rougeur au point d’injection, des myalgies, des maux de tête ou même de la fièvre, avec des fréquences variables. Ces effets secondaires sont généralement passagers et disparaissent au bout de quelques jours.

Seul un cas d’effet indésirable grave (sur 20.000 personnes vaccinées) a été enregistré chez AstraZeneca, en l’occurrence une paralysie transitoire des membres inférieurs. « Ça fait partie des accidents que l’on voit après vaccination, mais ils sont très rares, en général autour de 1 pour 50.000 ou 1 pour 100.000 », atteste sur Europe 1 Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique.

En conclusion, cette tribune du Dr Pierre Cave est pleine de fausses informations anxiogènes, on se demande réellement dans quel but un médecin ayant prêté le serment d’Hippocrate en vient à mettre en danger, par ses dires, une partie de la population qui pourrait y croire.