Non, l’oméprazole ne détruit pas votre santé

5-HOAX-NET ENTETE

L’Oméprazole est considéré comme un puissant inhibiteur de l’acide gastrique et un pansement pour l’estomac. Or l’acide gastrique est  nécessaire pour la  régulation de la digestion et  pour éliminer les microbes.

Ce médicament est utilisé pour soigner les aigreurs d’estomac et les ulcères mais il peut être dangereux en dehors de ce cas. Les Dangers de l’oméprazole  se trouvent dans la création d’une dépendance; en particulier en ce qui concerne le traitement de la gastrite, il est très fréquent pour nous d’utiliser ce médicament très fréquemment, en sa consommation presque une habitude dans notre vie.

Lorsqu’il est consommé régulièrement ce médicament pendant plus d’un an, il diminue l’absorption de corps de la vitamine B12, ce qui engendre   l’anémie, la  dépression de  la  démence  et un grand nombre de  problèmes neurologiques.

La prise en continu de ce médicament ralentit aussi l’absorption de calcium ce qui peut à la longue créer une carence et causer une fragilité osseuse et des fractures.

De plus l’inhibition de production acide par l’estomac peut engendrer une mauvaise digestion, des infections gastriques, une lourdeur, des nausées et des ballonnements.

Veuillez donc à utiliser ce médicament de façon ciblée et uniquement pour traiter un problème ponctuel et non en faire une habitude !

1-STATUT FAUX

Une chose est certaine concernant cet article : la personne qui l’a rédigé n’est ni traducteur (la traduction de l’article, initialement paru sur le site anglophone « Healthyfoodvision », est très approximative), ni professionnel du médicament (les conseils de santé sont très vagues, on ne parle ni de dosage, ni de posologie, ni de durée de traitement, et à aucun moment n’est évoquée la balance bénéfice / risque, importante dans la mise en place d’un traitement).


Savoir tirer des conclusions d’une étude scientifique

L’article source de l’hoax (en anglais) a été rédigé suite à la publication d’une étude réalisée par l’Institut Kaiser Permanente sur les dangers de l’oméprazole pour la santé. L’étude a comparé deux groupes de patients : un groupe de patients ayant consommé de l’oméprazole quotidiennement sur deux ans et un groupe de patients témoins, c’est-à-dire n’ayant jamais consommé le médicament au cours de leur vie.

Les résultats de l’étude affirment que le groupe qui a consommé régulièrement le médicament avait un risque de carence de vitamine B12 augmenté de 65% par rapport au groupe de patients qui n’avait jamais utilisé le médicament. Mais ce qu’il faut comprendre, lorsqu’on lit les résultats d’une étude scientifique, c’est que les chercheurs calculent ici un pourcentage de risque dit RELATIF, à ne pas confondre avec le risque ABSOLU. Utiliser le risque relatif est une astuce bien connue pour que des résultats apparaissent plus significatifs qu’ils ne le sont. En effet, ici, il ne faut pas comprendre que 65% des utilisateurs sont devenus déficients en B12, mais uniquement qu’ils ont un risque plus élevé de 65% d’être déficients en vitamine B12.

En clair,  ce n’est pas parce que vous consommez de l’oméprazole quotidiennement que vous aurez une carence en vitamine B12, et encore moins « anémie, dépression, démence et un grand nombre de problèmes neurologiques » ! Vous avez juste une diminution de l’absorption de la vitamine B12 (provoquant de ce fait un risque plus élevé de carence), ce qui peut être compensé par un apport plus important, par exemple.


L’importance de la balance bénéfice / risque

L’oméprazole est un médicament, et comme tous les médicaments, il peut provoquer des effets indésirables (liste que l’on peut consulter sur la fiche de Résumé des Caractéristiques du Produit, ou bien tout simplement sur la notice).

L’oméprazole, comme tous les médicaments anti-sécrétoires gastriques acides, peut réduire l’absorption de la vitamine B12 (cyanocobalamine), en raison de l’hypo – ou achlorhydrie. Ceci devra être pris en compte lors d’un traitement au long cours chez les patients disposant de réserves réduites ou présentant des facteurs de risque de diminution de l’absorption de la vitamine B12. (…)

Les inhibiteurs de la pompe à protons, en particulier s’ils sont utilisés à fortes doses et sur une durée prolongée (> 1 an), peuvent augmenter modérément le risque de fracture de la hanche, du poignet et des vertèbres, principalement chez les patients âgés ou en présence d’autres facteurs de risque identifiés. (…) Les patients présentant un risque d’ostéoporose doivent être pris en charge conformément aux recommandations en vigueur, et recevoir un apport approprié en vitamine D et en calcium.

Les médecins connaissent donc les risques dus à l’oméprazole et peuvent agir en conséquence vis-à-vis de leurs patients les plus à risque. Il est donc démontré l’importance d’un suivi médical lors de la prise de médicaments, ce qui n’est pas une nouveauté. Par ailleurs, il est bon de noter que, contrairement à ce qui est affirmé de façon alarmante dans l’hoax, le RCP de l’oméprazole ne mentionne aucunement une quelconque dépendance à ce médicament …

Il n’y a donc rien de bien nouveau qui ne mérite un article anxiogène et alarmiste !

L’oméprazole présente quelques risques, mais quid du bénéfice apporté en comparaison ?

Dans la maladie ulcéreuse

L’oméprazole et apparentés (appelés Inhibiteurs de la Pompe à Protons ou IPP) occupent une place de choix dans le traitement de la maladie ulcéreuse qu’il soit curatif ou préventif (lors de la prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens).

Leur place dans la prise en charge dans l’éradication d’Helicobacter Pylori et son rôle sur la récidive est bien documentée. Les IPP (combinés à une antibiothérapie) donnent des taux d’éradication proches les uns des autres (environ 90%)

De plus, il a été montré que dans l’hémorragie digestive haute d’origine ulcéreuse avec signes endoscopiques de gravité, l’administration d’IPP à forte dose par voie intraveineuse, au cours d’un traitement endoscopique, diminue la mortalité par rapport au placebo et que cette attitude pourrait avoir un rapport coût / efficacité favorable.

Dans le reflux gastro-œsophagien

L’objectif premier est le soulagement des symptômes et l’amélioration du confort de vie. Le taux de guérison des œsophagites érosives est de 90 % – 95 % à 8 semaines. Il est de de l’ordre de 90 % à 6 mois lors des traitements d’entretien.

Pour la prise en charge des complications du reflux gastro-oesophagien, les IPP sont indiqués en cas de sténose peptique (qui sera dilatée si elle est symptomatique). En cas d’endobrachy-œsophage (défini par la présence d’une métaplasie intestinale (= cancer) sur l’œsophage), les IPP sont indiqués au long cours en cas de symptômes cliniques ou d’œsophagite.


En résumé, voici un exemple avec des chiffres donnés à titre arbitraire, pour mieux comprendre :

>> Sur 1 milliard de personnes, 3 n’ayant jamais pris d’oméprazole deviennent déficients en vitamine B12, alors que 5 ayant pris de l’oméprazole deviennent déficients. Dans le même temps, 1 million de patients sous oméprazole sont sauvés de la mort ou des dommages graves d’un saignement gastrique ou d’un cancer de l’œsophage !

En conclusion, chaque patient est différent, le mieux étant de ne pas suivre les conseils des pseudo-sites de santé, aux titres alarmistes à but lucratif, mais plutôt ceux de votre gastro-entérologue ou bien médecin traitant !

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Sources : Kaiser Permanente InstituteBase de données publique sur les médicaments – Pharmacomédicale.org –