Oui, cette phrase est bien du Général de Gaulle, mais… il faut la remettre dans le contexte de l’époque.

Plusieurs messages privés (mp) sur notre page nous demandent si cette phrase ou citation relayée sur les réseaux sociaux et publiée sur un grand nombre de sites avec différents visuels depuis de nombreuses années, a bien été prononcée par le Général de Gaulle :

« Si une communauté n’est pas acceptée, c’est qu’elle ne donne pas de bons produits, sinon elle est admise sans problème. Si elle se plaint de racisme à son égard, c’est parce qu’elle est porteuse de désordre. Quand elle ne fournit que du bien, tout le monde lui ouvre les bras. Mais il ne faut pas qu’elle vienne chez nous imposer ses mœurs. »

Selon le média Français nouvelobs.com :

La phrase a en premier lieu été révélée dans le livre d’Alain Peyrefitte, « C’était de Gaulle » publié par les Editions Gallimard (24 février 2002), recueil de propos tenus en privé par le général à son jeune ministre de l’Information.

Alain Peyrefitte a eu, entre 1959 et 1969, quelque 300 entretiens en tête à tête avec le général de Gaulle. Auxquels s’ajoutent les conseils des ministres, les conseils restreints, les rencontres avec des chefs d’État ou de gouvernement étrangers. Pendant toute cette période, il a pris des notes au jour le jour, avec l’accord du Général. Ces notes, ce sont essentiellement les propos tenus par le Général, scrupuleusement recueillis, dans l’intention de les soustraire à l’oubli, en respectant non seulement leur teneur, mais aussi le style et le ton des dialogues.

En 1958, il est élu député et fait partie de la génération d’hommes qui entrent en politique avec le retour au pouvoir du général de Gaulle. Il en devient un des proches collaborateurs, puis est nommé ministre et porte-parole du gouvernement en 1962. À ce titre, il noue avec le chef d’État une relation privilégiée, et il tirera de nombreux entretiens particuliers le recueil « C’était de Gaulle », qui fait référence.

L’homme qui, sur son bureau, avait un bouton lui permettant d’appeler directement le patron de la radio-télévision publique – on voit là à quel point les choses ont fondamentalement changé.

Alain Peyrefitte publie en 1994, 24 ans après la mort de de Gaulle, et 35 ans après avoir recueilli les phrases fatidiques.

Toujours selon le nouvelobs.com :

La phrase date de 1959.

Charles de Gaulle est revenu au pouvoir depuis un an. Il ne s’est évidemment pas encore prononcé publiquement pour l’indépendance Algérienne, qui interviendra en 1962. L’Armée l’a ramené au pouvoir justement pour qu’il fasse l’inverse  :

  • mater la rébellion du FLN, et maintenir l’Algérie dans la France. Mais il y pense. Il envisage l’indépendance comme une des hypothèses de sortie de guerre. Il teste. Et il utilise Peyrefitte comme « sparring partner », pour tester les hypothèses les plus indicibles.

Tenus à Peyrefitte dans le secret de son bureau, à la tombée du soir, ses propos sont à mi-chemin entre le monologue intérieur, et la délivrance officieuse d’éléments de langage.

Charles de Gaulle évoque la « race blanche » justement pour expliquer que les Algériens ne seront jamais de vrais Français.

Dans sa tête, dès 1959, il fomente l’Algérie indépendante, et sa tirade vise sans doute à y préparer son jeune ministre Peyrefitte, pour que celui-ci fasse infuser cette hypothèse dans la tête de ses interlocuteurs journalistes.

Il n’y pas de trace de démagogie dans sa tirade, pas trace de pression électorale d’un mouvement xénophobe (il n’en existe pas). Les immigrés, en France, ne constituent nullement un problème économique. Ils sont, au contraire, un atout indispensable. Parqués dans des foyers ou des bidonvilles, ils sont la chair à béton des fameuses Trente Glorieuses qui battent leur plein. Ils construisent des autoroutes, des HLM que l’on ne trouve pas encore immondes, des ponts, des écoles, des hôpitaux.

Dans l’esprit de de Gaulle, le mot « race » n’est nullement connecté à « la question de l’immigration ». Il pense histoire, France éternelle, sacre de Reims, cathédrales.

En elle-même, en apesanteur, déconnectée de tout contexte, oui, bien entendu.

Mais de Gaulle, si on va par là, ne méprise pas les musulmans davantage que les pieds-noirs, ou les généraux, ou les Français en général, ces ‘veaux’, et sur toutes ces catégories, on en trouve de gratinées, dans le livre de Peyrefitte (et davantage encore dans les souvenirs de Jacques Foccart, son autre visiteur du soir).

En 2003, cette phrase est confirmée par son fils dans un livre qu’il a écrit, comme ayant été dite par son père le Général de Gaulle :

Selon le site libertas.co qui reprend les citations ou phrases dites par le Général de Gaulle, cette citation est authentique, on la retrouve à la page 433 du livre DE GAULE MON PÈRE écrit par son fils Philippe de Gaulle publié aux Éditions PLON en 2003.

Même si cette phrase a bien été dite par le général de Gaulle, c’était en 1959, donc dans une autre époque et dans un autre contexte.
Remarque : Il est relativement facile de prendre une phrase, une citation et de la partager sur les réseaux sociaux sans indiquer le contexte ou les circonstances réelles dans lequel elle a été dite à l’époque.

libertas.co/wiki/Charles_de_Gaullenouvelobs.com/rue89rfi.frDe Gaulle, mon père (tome 1) 2003C’était de Gaulle 2002Alain Peyrefitte