Ces affiches du Front National sont trompeuses

Une information politique de campagne sous forme de « propagande », diffusée par tracts et affiches, est relayée sur les réseaux sociaux par le parti du Front National en France (FN).

Ces 3 personnes ne sont pas présentées comme témoins « réels » de cas concrets, il n’est pas possible de les identifier. Il ne s’agit apparemment que d’exemples imagés de situations détournées de la réalité, et se révèlent donc sous forme de comparaisons trompeuses et/ou mensongères, sans plus de précisions.


Le cas de Sandra :

« Sandra dort dans sa voiture avec son fils depuis 3 mois »

« Dans notre pays, les logements sociaux sont saturés par l’immigration incontrôlée »

Il existe en France de nombreux dispositifs d’urgence destinés aux sans-abris dont une femme française et son enfant peuvent bénéficier en matière d’hébergement. Sandra peut donc faire la demande de différentes aides sociales. (droit au logement, centres d’hébergement, maisons relais, résidences, logement accompagné, réinsertion sociale intermédiaire locative, le 115 en cas d’urgence, etc.)

Les migrants et réfugiés, eux, sont orientés vers des centres d’accueil spécifiques, qui n’ont rien à voir avec les centres d’hébergement destinés aux sans-abris français. Il est donc totalement inapproprié d’affirmer que ceux-ci prennent la place des français.

Pour rappel, la France s’est engagée pour l’accueil de 30 700 réfugiés, dans les meilleures conditions possibles.

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Cependant, outre la fabrication d’informations détournées (hoax) à des fins politiques, il est à constater en effet, que de nombreux dysfonctionnements apparaissent, en matière de logement en France, et notamment dans les cas d’urgences, selon divers témoignages dans la Presse, par défaut de la logistique existante et/ou face aux démarches administratives contraignantes, ou par exemple, « faute de garants », comme dans le cas de Christophe en janvier 2017.

Un rapport annuel fiable, de la Fondation Abbé Pierre, sur l’état du mal-logement en France, confirme au 31 janvier 2017, que 4 millions de personnes sont sans abri, mal logées ou sans logement personnel.


Le cas de Pierre :

« Pierre agriculteur en retraite vit avec 284€ par mois »

« Les demandeurs d’asile peuvent recevoir de l’État une allocation de 330€ »

Cas général : Une personne de nationalité française peut bénéficier de l’Aspa (allocation de solidarité aux personnes âgées) dès 65 ans si elle réside en France de manière stable.

Si Pierre dispose de faibles revenus qui se situent en dessous d’un certain plafond, l’Aspa, lui assure un niveau minimum de ressources. Son montant dépend de ses ressources et de sa situation familiale.

Exemple pour une personne seule :

Sur le site du Service Public, le montant annuel de l’Aspa pour une personne seule est au maximum de 9 638,42 € (soit 803,20 € par mois). Le montant est calculé en tenant compte de la différence entre 9 638,42 € et vos ressources (mai 2017).

Ainsi, si Pierre a 65 ans et réside en France de façon permanente, considérant son unique revenu de 284 euros par mois, il a droit à une allocation de 9638,42 € – (284€ x 12) par an, soit 519,20 € par mois.

« Les demandeurs d’asile seulement (et non les autres migrants) peuvent obtenir une allocation mensuelle de 330€ sans place d’hébergement ou 204€ avec hébergement. »


Le cas de Julie :

« Julie attend un logement en résidence étudiante

depuis 2 ans »

« A Lille, 80 migrants ont été accueillis sur le campus universitaire et logés en centre d’accueil »

Cas général : En supposant que Julie attende un logement en résidence étudiante, sur le campus de Lille, plusieurs choix s’offrent à elle.

En effet, lycéens en Terminale et étudiants (boursiers ou non boursiers) peuvent prétendre à un logement en résidence universitaire. Tous les ans, pour l’année suivante, il faut déposer un dossier social étudiant (DSE) à partir du 15 janvier, y compris pour une réadmission (maintien), ainsi que dans le cadre de l’accueil international.

Pour tous les étudiants qui ne peuvent prétendre à un logement universitaire et qui cherchent un logement de particulier à particulier, le CROUS dispose d’un grand choix de logements proposés par les particuliers toute l’année sur toute l’Académie de Lille.

La Clé (caution locative étudiante  est une garantie de l’État qui permet aux étudiants dépourvus de garants personnels de faciliter leur accès à un logement.

La CAF propose deux types d’aides aux étudiants locataires dont les ressources sont modestes.

Les assistantes sociales reçoivent les étudiants dans le cadre de leurs permanences ou sur rendez-vous : au CROUS, dans les antennes du CROUS et dans les universités de l’Académie de Lille.

80 bénéficiaires de l’asile, inscrits à l’université Lille-III, ont été accueillis après le démantèlement de Calais au sein de la résidence Galois sur le campus de Villeneuve-d’Ascq.

Vouée à la destruction, cette résidence ne devait accueillir personne au cours de l’année universitaire 2016-2017 et n’a pas imputé le manque de logements étudiants à Lille à ces demandeurs d’asile.

Cependant, il existe une réelle crise du logement étudiant dans la ville de Lille, comme nous détaille cet article de Libération. Néanmoins, en aucune façon les migrants n’ont pris la place d’étudiants français puisque leur résidence d’accueil ne devait accueillir personne cette année.


Divers quotidiens de presse qualifient cette campagne de « mensongère » : Le Temps, qui présente l’irréalisme de cas et la simplification erronée en rhétorique misérabiliste, ou encore Le Monde, qui évoque également l’absence de précisions et l’instrumentalisation d’un sentiment « anti-migrants ».

Le site « Les Répliques.com » détaille, dans la Revue de Presse du 09 novembre 2016, la provenance politique de cette campagne, et qualifie cette communication comme « basée sur des exemples déformés, voire complètement malhonnêtes. »


Nos autres articles concernant les migrants ICI.

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Sources : Ministère du Logement et de l’Habitat Durable – Service Public – CROUS de Lille Nord Pas-de-Calais – Le Temps – Le Monde – Les Répliques.com – BfmTv – Fondation Abbé Pierre – Libération