Lettre d’une mère a une mère – NON, cette Histoire n’est pas vraie !

Lettre à Mme Taubira

Chère madame,
J’ai vu votre protestation énergique devant les caméras de télévision contre le transfert de votre fils de la prison de Arlon à la prison de Leuven.

Je vous ai entendue vous plaindre de la distance qui vous sépare désormais de votre fils et des difficultés que vous avez à vous déplacer pour lui rendre visite.

J’ai aussi vu toute la couverture médiatique faite par les journalistes et reporters sur les autres mères dans le même cas que vous et qui sont défendues par divers organismes pour la défense des droits de l’homme, etc.

Moi aussi je suis une mère et je peux comprendre vos protestations et votre mécontentement. Je veux me joindre à votre combat car, comme vous le verrez, il y a aussi une grande distance qui me sépare de mon fils.
Je travaille mais gagne peu et j’ai les même difficultés financières pour le visiter. Avec beaucoup de sacrifices, je ne peux lui rendre visite que le dimanche car je travaille tous les jours de la semaine et aussi le samedi et j’ai également d’autres obligations familiales avec mes autres enfants.
Au cas où vous n’auriez pas encore compris, je suis la mère du jeune que votre fils a assassiné cruellement dans la station service où il travaillait de nuit pour pouvoir payer ses études et aider sa famille.

J’irai lui rendre visite dimanche prochain. Pendant que vous prendrez votre fils dans vos bras et que vous l’embrasserez, moi je déposerai quelques fleurs sur sa modeste tombe dans le cimetière de la ville.
Ah j’oubliais, vous pouvez être rassurée, l’État se charge de me retirer une partie de mon maigre salaire pour payer le nouveau matelas de votre fils puisqu’il a brûlé les deux précédents dans la prison où il purge sa peine pour le crime odieux qu’il a commis.
Pour terminer, toujours comme mère, je demande à tout le monde de faire circuler mon courrier, si intime qu’il soit. nous parviendrons ainsi peut-être à arrêter cette inversion des valeurs humaines.

Les droits de l’homme ne devraient s’appliquer qu’aux hommes droits.
Edith Besançon 10 Montée Beaumur
38200 Vienne 04.74.85.07.64 06.22.59.33.40

1-STATUT-FAUX2

C’est l’histoire de David contre Goliath.
Le petit, toujours victime qui clame l’injustice du monde et l’indélicatesse des puissants associés à des criminels. Comment ne pas être touché par ce récit, ne pas se mettre à la place de cette mère en se demandant comment, dans le même cas de figure, on pourrait soi-même réagir ?
Le lecteur est amené, par le récit et l’émotion qu’il suscite, à se mettre à la place de cette femme et donc à s’opposer à la ministre, représentant l’autorité officielle.

Et pourtant ce récit ne serait pas français à l’origine et ne concernait pas Madame Taubira.
Nous pouvons ainsi retrouver sur internet une version espagnole de ce témoignage datant de décembre 2009 dans laquelle le fils a été victime d’une bombe posée dans une voiture par l’ETA.

Il existe une version péruvienne de février 2010 concernant la mère d’un terroriste membre du sentier lumineux et une version argentine de mai 2010 signée par une certaine Julia E. Fabiano.
Ce récit serait aussi passé par la Belgique puisque la ville de Louvain est mentionnée en Néerlandais Leuven.

Ces versions ne mentionnent pas le nom de la mère du meurtrier et dénoncent plutôt le terrorisme.
Elles ont été remaniées afin que le bourreau devienne le fils d’une figure d’autorité officielle.
Beau retournement de situation !

Ce témoignage contient des éléments illogiques :

Comment une Française pourrait payer avec ses impôts les fournitures de prisons belges ?
De plus, il n’existe aucune information concernant un éventuel fils de Madame Taubira en prison, ni d’épanchements de la ministre sur ce sujet dans les médias.

Pourquoi ce message a-t-il mentionné Madame Taubira, Garde des sceaux et ministre de la Justice ?

La version française datant de mai 2013, nous sommes alors en pleine crise liée au débat concernant le mariage pour tous, divisant la France en deux, et au moment de l’adoption de la loi Taubira qui permet aujourd’hui aux homosexuels de se marier.
Au même moment, les directeurs d’institutions pénitentiaires font grève, protestant contre une réforme pénale annoncée par Taubira et qui propose d’éviter la prison pour les coupables condamnés à des peines inférieures à cinq ans.

Si on lit la lettre dans ce contexte, le lecteur peut se dire que Madame Taubira doit faire cette réforme pour son fils.

Représentant l’autorité et surtout la justice, ce serait un comble, si elle demandait des passe-droits pour un membre de sa famille prisonnier.

Une preuve de plus ?

Edith Besançon existe bien. Mais « aucun de mes fils n’a été assassiné. Quant à Madame Taubira, je n’ai rien de particulier contre elle « , expliquait l’octogénaire en 2013 dans un article du Dauphiné Libéré.

En fait, cette lettre existe déjà dans d’autres pays et d’autres langues. La voici par exemple dans sa version espagnole : le texte publié en 2009 s’adresse à la membre d’un membre de l’organisation terroriste basque ETA.

Comme l’explique Francetvinfo, sur la base de l’autobiographie de la ministre de la Justice, l’un des quatre enfants de la ministre de la Justice a bien été inquiété par la Justice dans les années 90 en Guyane pour « non-port du casque » en scooter et écope alors d’un rappel à la loi et d’une inscription dans son casier judiciaire. Il a également été soupçonné d’être impliqué dans un vol de scooter avant d’être innocenté.Or, r

appelons le, aucun fils de Madame Taubira ne purge de peine de prison.

Le Nouvel Observateur.Le PlusDauphiné LibéréFrancetvinfounjubilado.info/2009