Fév 17 2021

Non, ces visuels sur le port du masque par les enfants ne reflétent pas la réalité.

Le cheval de bataille des internautes en ce moment sur les réseaux sociaux est le port obligatoire du masque par les enfants à l’école.

Nous avions signalé dans notre article précédent le cas de l’Italie.

Dans ce cas, il s’agit de 2 visuels similaires français mais présentés différemment, et partagés des milliers de fois sur les réseaux sociaux (visuel blanc pour Facebook et bleu pour Twitter).

Selon « francetvinfo.fr » et comme vous le savez, depuis le 8 Février 2021, les enfants ne doivent plus porter que des masque chirurgicaux ou des masques en tissu catégorie 1 à l’école.

Ces visuels voudraient montrer les répercussions du port d’un masque sur un enfant.

L’un d’eux, comporte une succession de chiffres sur les effets secondaires qui se base sur une étude universitaire allemande de Witten-Herdecke en Allemagne et réalisée en ligne par un questionnaire sur plus de 17.854 parents.

Il prétend

que 57% des enfants déclarent avoir des maux de tête, 38% des troubles de l’apprentissage ou encore 37% disent ressentir de la fatigue.

Cependant, si cette étude allemande existe bien, elle ne tire pas les mêmes conclusions que ce que veulent nous faire croire ces 2 publications publiées sur les réseaux sociaux.

Cette étude n’est pour l’instant qu’une pré-publication qui n’a pas encore été validée, ni publiée dans aucune revue scientifique ou autre.

Les scientifiques qui ont encadré cette étude émettent eux-mêmes des réserves puisque c’est un questionnaire qui a été mis en ligne pour que les parents le remplissent.

Traduction :

« Il est très important pour nous que nos résultats ne conduisent pas les parents à développer une opinion fondamentalement négative sur le port du masque chez les enfants« , soulignent les chercheurs, qui admettent que les enfants souffrant du port du masque demeurent un phénomène « relativement limité et non-représentatif« .

Ils se sont rendus compte que ce sondage avait été partagé notamment dans des groupes anti-masques et anti mesures sanitaires sur les réseaux sociaux, ce qui fausse les chiffres que l’on peut voir dans les visuels.

Les chiffres se trouvent donc bien dans cette étude allemande, mais ils sont très alarmistes puisqu’une partie de ces réponses a été recueillie dans ces groupes hostiles aux mesures sanitaires sur les réseaux sociaux.

Les scientifiques disent que les résultats de cette études ne doivent pas donner une opinion négative sur les masques qui maintiennent les enfants à l’école.

Même si un nombre infime d’enfants ne supporte pas le masque, la plupart des jeunes le tolère bien.

L’AFP.com dans un article du mercredi 10 février 2021, détaille point par point les inexactitudes de ces visuels. (article intégral ICI)

Interrogée par Le Monde, Christèle Gras-Le Guen, cheffe de service des urgences et de pédiatrie générale au CHU de Nantes et secrétaire générale de la Société française de pédiatrie, s’étonne de ces réactions autour de l’impact du masque sur la santé des enfants :

« Imposer le port du masque aux enfants peut être agaçant, contraignant, et [cela peut être] difficile à leur maintenir de façon optimale sur le nez. Mais de là à imaginer que le masque puisse être nuisible sur la santé des enfants, c’est irrationnel. »

comme l’expliquait également le médecin de santé publique spécialiste en physiologie respiratoire Gilles Dixsaut au Monde en septembre, le risque d’une intoxication au CO2 n’a jamais été avéré :

« Respirer son propre C02, c’est ce qu’on fait en permanence. Quand vous expirez, vos bronches sont remplies de l’air que vous avez déjà respiré. Avec un masque, on rajoute quelques millilitres, mais cela ne change strictement rien à la physiologie respiratoire. »

Ces craintes ne reposent sur aucun élément scientifiquement fondé.

« On n’a aucun argument pour penser qu’un enfant de 6 ans a un système respiratoire différent de l’adulte ; c’est le même », affirme le Pr Gras-Le Guen.

Il suffit d’observer d’autres pays :

« Au Japon, les enfants portent des masques de manière culturelle depuis très longtemps. Ils vont à l’école avec des masques, et on n’a jamais observé le moindre effet délétère sur la santé respiratoire de centaines d’écoliers japonais. »

francetvinfo.fr souligne d’ailleurs dans un article datant de Mai 2020,

que les Européens sont réfractaires aux masques alors que les pays du Nord-Est de l’Asie en ont fait un produit de consommation courante.
Pour expliquer cette différence culturelle, il faut remonter à l’épidémie de grippe espagnole. Un médecin chinois a inventé alors ce masque grand public. La Chine va mettre en avant les avancées de son système sanitaire dans des photos de propagande dans les années 50 et 60 notamment.

Maladie, pollution, allergie…

Des épidémies récentes font prendre conscience à ces pays d’Asie du Nord-Est que le masque est important.
Les masques sont utilisés pour protéger les autres et aussi pour se protéger soi-même de la pollution, de l’allergie aux pollens, des mauvaises odeurs..