Non, Emmanuel Macron ne s’est pas fait construire un bunker de luxe d’un montant de 148 millions d’euros.

Une vidéo visionnée plusieurs centaines de milliers de fois sur X affirme que le président de la République se prépare à la Troisième Guerre mondiale en se faisant construire un bunker de luxe.

Selon franceinfo.fr  (article intégral de Armêl Balogog :

« Au moment où le président français Emmanuel Macron appelle activement à préparer les hôpitaux à la guerre, à procéder au réarmement des forces militaires et à se préparer à la Troisième Guerre mondiale, il n’oublie pas de prendre soin de son propre avenir. » L’accusation est portée par une vidéo de deux minutes partagée sur le réseau social X, mercredi 1er octobre, et visionnée 300 000 fois. Selon elle, des médias indépendants auraient « révélé les projets du président de la cinquième République de se construire un bunker souterrain luxueux » et que celui serait « d’un montant de plus de 148 millions d’euros »

Un bunker qui aurait été commandé… à une entreprise en liquidation

Tout ce qui est dit dans cette vidéo est faux.

Elle explique notamment que l’Élysée a passé un contrat avec Oppidium (sic), une entreprise suisse spécialisée dans les bunkers de luxe pour fabriquer ce luxueux bunker et qu’Alexis Kohler, l’ancien secrétaire général de l’Élysée, venait de lui verser une première avance de 50 millions d’euros en septembre 2025.

Cependant c’est tout simplement impossible parce que l’entreprise suisse qui fabrique des bunkers – qui s’appelle Oppidum et non Oppidium – est en liquidation et a été dissoute au printemps 2025, bien avant la prétendue transaction, selon plusieurs registres consultables en ligne, dont le registre officiel du commerce suisse. Son site internet comme son compte X ont été désactivés.

Campagne de désinformation « Storm-1516 »

La fausse information a tous les traits de la désinformation russe et ressemble beaucoup à la campagne « Storm-1516 » dont le but est d’avoir « des impacts sur le débat public européen, voire influencer plusieurs scrutins électoraux » en déstabilisant notamment les pays ou en dénigrant les personnalités et candidats politiques en fonction des intérêts russes, explique Viginum, le service français qui lutte contre les ingérences numériques dans un rapport publié en mai. Son mode opératoire privilégié : créer de faux articles et de faux sites d’information.

Notons que la vidéo a d’abord été partagée sur X par le compte d’un certain Éric Archambault, qui se fait le relais très fréquent de la désinformation prorusse.

Avant cela, la vidéo, repérée par le Gnida Project, un groupe anonyme qui traque les ingérences russes sur les réseaux sociaux, a initialement été publiée comme illustration d’un article du site brutinfo[.]fr.

Un site créé le 28 septembre, juste avant la publication de la fausse information, selon whois.domaintools.com. Une création extrêmement récente, à l’image des autres faux sites d’information créés par les réseaux de propagande russe qui sont très actifs depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022. Par ailleurs, l’adresse IP du site est localisée aux États-Unis, mais il est hébergé en Lituanie.

Les identités d’un média et de journalistes à nouveau usurpées.

En l’occurrence, le faux site brutinfo.fr emprunte le nom du média Brut, qui est reconnu. Il affirme même que ses articles ont été écrits par des journalistes reconnus, dont il usurpe en réalité l’identité.

La fausse information sur le soi-disant bunker luxueux d’Emmanuel Macron aurait, par exemple, été écrite par Benoit Vitkine, un journaliste du Monde.

Contacté par franceinfo,

Benoit Vitkine confirme qu’il ne l’a pas écrit et y voit une certaine ironie.

En 2020, pendant la crise sanitaire, alors correspondant à Moscou, le journaliste avait publié un article sur le bunker de Vladimir Poutine.

Ce n’est pas la première fois que l’identité de journalistes est usurpée par de faux sites d’information.

Le Vrai ou Faux avait déjà révélé cette pratique en juillet 2025. À l’époque, un faux site d’information affirmait qu’un médecin disant avoir des preuves que Brigitte Macron était une femme transgenre était mort mystérieusement. Or, l’histoire avait été totalement inventée. L’article était signé par une journaliste qui ne l’avait, en vérité, jamais écrit.

franceinfo.fr