Non, le venin d’abeille n’est à ce jour pas considéré comme un remède contre le cancer du sein triple négatif.

La publication ci-dessus a été partagée sur tous les réseaux sociaux des milliers de fois. Si le visuel est correct, l’explication est trompeuse en laissant croire que le venin d’abeille serait le remède miracle contre le cancer du sein.

Ex : En Australie, une dose de venin d’abeille a éliminé 100 % des cellules du cancer du sein triple négatif – en 60 minutes.
Aucune chimiothérapie.
Juste une protéine naturellement présente dans le venin: la mélittine.
Source:(Harry Perkins Institute of Medical

Selon factuel.afp.com :
Sur des tests menés en laboratoire, de nombreuses molécules peuvent montrer des propriétés anticancéreuses. C’est le cas par exemple du venin d’abeille – la mélittine – qui a été étudié par des chercheurs australiens en 2020.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes citant cette étude affirment ainsi que le venin d’abeille peut détruire un cancer du sein triple négatif, le plus agressif.

Attention cependant, il n’est pas possible de dire que des tests réalisés en laboratoire puissent être un traitement efficace pour l’homme ou la femme.  D’innombrables molécules sont testées sans que cela aboutisse un jour à un médicament.

Le venin d’abeille devrait d’abord encore passer des années de tests et surtout faire l’objet d’un essai clinique sur l’homme ou la femme : sans un résultat positif à toutes ces étapes, la mélittine ne peut donc pas être considérée comme un traitement contre les cancers.

  • Si des chercheurs australiens ont bien étudié les propriétés anticancéreuses du venin d’abeille en 2020, ces travaux demeurent à un stade très préliminaire et ses résultats ne peuvent pas être transposés sur l’homme.

De nombreuses limites

En septembre 2020, des chercheurs de l’Institut de recherche médicale Harry Perkins en Australie ont publié une étude dans la revue Nature Precision Oncology, intitulée :

« Le venin d’abeille et la mélittine suppriment l’activation du récepteur du facteur de croissance dans le cancer du sein enrichi en HER2 et triple négatif ».

« En utilisant le venin de 312 abeilles et bourdons de Perth, en Australie occidentale, en Irlande et en Angleterre, le Dr Ciara Duffy de l’Institut de recherche médicale Harry Perkins et de l’Université d’Australie occidentale, a testé l’effet du venin sur les sous-types cliniques du cancer du sein, y compris le cancer du sein triple négatif, qui a des options de traitement limitées », détaille l’institut dans un communiqué publié sur son site internet.

Leurs résultats ont montré que le venin d’abeille – et plus précisément son composant principal, la mélittine –  pouvait détruire rapidement les cellules cancéreuses induites par le cancer du sein triple négatif et les cellules cancéreuses du sein enrichies en HER2.

Particulièrement agressif, le cancer du sein triple négatif représente 10 à 20% des cancers du sein et touche chaque année environ 9.000 femmes, souvent jeunes. Il est très difficile à traiter, notamment parce qu’il ne réagit pas à l’administration d’oestrogène ou de progestérone, à la base de traitements couramment utilisés dans d’autres formes du cancer du sein.

Selon les résultats des chercheurs australiens, à une certaine concentration, la mélittine peut arrêter ou perturber la croissance des cellules cancéreuses, comme l’explique dans cet article l’Université de Californie.

Bien que ces résultats soient intéressants, il s’agit seulement d’une étude préclinique « réalisée in vitro (sur des cellules en laboratoire) et in vivo chez la souris (modèle murin) », précise Thibault  Fiolet, docteur en santé publique.

De même, l’Université de Californie souligne qu’il est

« important de noter que ces résultats ont été obtenus lors de tests en laboratoire ». « Ainsi, bien que le venin d’abeille ait effectivement montré des promesses pour détruire une variété de cellules cancéreuses, un traitement basé sur ces découvertes et pouvant être utilisé chez l’humain nécessitera encore des années d’étude et de tests », écrivent Eve M. Glazier et Elizabeth Ko, en charge de la rubrique « Demandez aux docteurs » de l’Université.

Plus précisément, dans l’étude in vitro, la mélittine a perturbé la membrane des cellules tumorales ainsi que certaines voies de signalisation cellulaires, entraînant ainsi la mort de ces cellules tumorales. Et, chez la souris, l’association de la mélittine avec la chimiothérapie a montré une réduction significative de la croissance tumorale.

« L’effet seul de la chimiothérapie était plus important que l’effet seul de la mélittine », ajoute Thibault Fiolet alors que certaines publications que nous examinons affirment que ces résultats peuvent être obtenus sans chimiothérapie.

En France, les cancers sont la première cause de mortalité prématurée chez les hommes et la deuxième chez les femmes. Près de 10 millions de personnes dans le monde meurent chaque année des suites de cette maladie.

Soulevant de nombreuses inquiétudes pour les personnes concernées et leurs familles, cette maladie fait l’objet d’une désinformation d’ampleur qui peut détourner les patients d’un diagnostic, ou d’un traitement qui pourrait leur sauver la vie.

factuel.afp.com