Non, l’armée de terre française ne recrute pas des civils pour 1 970 euros pour aller se battre en Ukraine…

Elle, c’est Sophia Chikirou, elle est considérée comme étant très influente dans la politique française et notamment au sein de son parti La France insoumise dont le président n’est autre que Jean-Luc Mélanchon. Elle est aussi députée LFI de la 6e circonscription de Paris.

Sophia Chikirou diplômée :

de l’Institut d’études politiques de Grenoble,

d’études supérieures spécialisées en communication politique et sociale (2002),

titulaire d’un master 2 en ressources humaines et responsabilité sociale de l’entreprise à l’IAE Paris,

voit dans une offre publiée par l’Armée de terre une annonce consistant à aller sur le front pour 1970 euros par mois.

Nous serions tentés d’écrire « encore heureux qu’elle ait tant de qualifications« , parce qu’interpréter une quinzaine de lignes aussi faussement n’est certainement pas digne d’une personne ayant certaines responsabilités politiques. Ceci dit, elle n’est pas la seule…
Sur son post officiel X (ex-Twitter) elle écrit ceci :

Qui est prêt à aller sur le front pour 1970 euros bruts par mois ? Cette offre est publiée dans de nombreux départements. L’État crée des emplois avec la guerre. Citoyens français : n’allez pas mourir pour des industriels ! Refusez la guerre ! Ne répondez pas !

Cependant c’est faux.

Selon le huffingtonpost.fr, le nouvelobs.com ou encore lepoint.fr :

Non, l’Armée de terre ne recrute pas des civils pour 1 970 euros pour aller se battre en Ukraine…

C’est pourtant ce que plusieurs comptes sur X ont affirmé, mercredi 27 mars, dont certains très influents, en partageant de véritables annonces publiées, notamment, sur France Travail.

Problème :

En aucun cas l’annonce n’évoque d’aller combattre en Ukraine, malgré le débat soulevé par les propos d’Emmanuel Macron sur l’éventuel envoi de troupes il y a peu.

Autre souci,

Une élue de la République a sauté dans la brèche en partageant le même type d’annonce et en faisant un gros raccourci.

En fait, Sophia Chikirou a relayé une offre d’emploi de « combattant en engin blindé et autres » publiée par hellowork.com, tout en demandant « Qui est prêt à aller sur le front pour 1970 euros brut par mois ? », sans, toutefois, évoquer le conflit ukrainien contrairement à d’autres.

L’armée française souffre d’un sous-effectif depuis des années et doit s’adapter. L’armée de terre est la plus touchée ; il est estimé qu’il lui manquerait entre 2 000 et 2 500 personnes, selon des chiffres du Figaro dévoilés en octobre dernier. L’armée de l’air est également touchée, avec une pénurie de 200 militaires, selon Le Monde, tandis que la marine, elle, affiche des effectifs complets. La loi de programmation militaire 2024-2030 votée l’été dernier prévoit en effet d’« améliorer l’attractivité de ses métiers et la fidélisation des personnels dans un contexte de fortes tensions sur ses ressources humaines ».

Autre imprécision commise par Sophia Chikirou qu’une personne sans ces références n’aurait pas commise est :

la somme évoquée de 1 970 euros brut par mois est erronée puisque les sites proposant les recrutements sont très clairs sur ce point (comme nous le verrons plus bas via une capture écran réalisée par nos soins) où il est écrit noir sur blanc que les opérations extérieures sont payées jusqu’à 2,5 fois plus, soit 4 925 euros sur les sites francetravail.fr et hellowork.com/fr ci-dessous.

  • Et enfin une « opex », pour reprendre le jargon militaire, n’implique pas forcément d’aller au front sur un théâtre de guerre, les militaires pouvant être mobilisés lors de catastrophes naturelles, par exemple.

Un post sur ce sujet a été vu 200 000 fois sur X (ex-twitter).

Au-delà du gros raccourci effectué pour s’opposer au président de la République, les propos de Sophia Chikirou relayent surtout de la désinformation déjà présente sur les réseaux sociaux, comme le rappelle le Huffpost.

huffingtonpost.frnouvelobs.comlepoint.frhellowork.comle figaro.frlemonde.frfrancetravail.fr .