Rassurez-vous, cette rumeur infondée d’enlèvement d’enfant court depuis 2011.

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Enfants enlevés dans les magasins : quand la rumeur se propage

Légende urbaine


Depuis quelques jours, une rumeur insistante se propage, comme cela arrive régulièrement. La semaine dernière, il se racontait qu’au centre Leclerc Méridien, une jeune fille aurait échappé à la vigilance de sa mère, puis aurait été enlevée par deux femmes roumaines qui l’auraient conduite dans les cabines d’essayage du magasin, afin de la vêtir en garçon et de lui raser (carrément !) la tête avant d’essayer de l’extraire du magasin. Elle n’aurait eu son salut qu’à la présence d’esprit du service d’ordre qui aurait découvert la supercherie. Cette semaine, le scénario est quasiment identique, mais il s’est déplacé au magasin Kiabi, tout proche. Et la rumeur a envahi la ville…

Bien entendu, il n’en est rien, tout cela est parfaitement infondé, ces rumeurs sont à classer dans ce que les sociologues appellent les « légendes urbaines », vieilles comme le monde (la dame blanche, la mygale dans le cactus, les serpents dans les piscines à balles des fast-foods…), et dont la durée de vie semble infinie, tant elles se régénèrent apparemment d’elles-mêmes et réapparaissent régulièrement, sous des formes toujours similaires.

Car les légendes urbaines ont déjà été largement théorisées (cette légende de l’enlèvement d’enfants est appelée par les spécialistes « la rumeur d’Orléans », où elle est née en 1969), et elles ont toujours quelques points communs et une logique très mécanique : d’abord, la rumeur doit toucher une « institution » internationale (une grande marque) ou locale, ensuite l’histoire doit être mystérieuse, si possible incroyable. C’est ce qui, paradoxalement, la rend crédible. Mais surtout, elle doit s’appuyer sur des témoignages infaillibles (dans le cas qui nous préoccupe celui d’une caissière du magasin qui a raconté que…), et sur une accentuation naturelle du récit, au fur et à mesure de sa narration, qui s’enrichit de détails propres à crédibiliser davantage l’histoire. Ce qui fait que plus elle enfle, plus elle se raconte, plus elle devient crédible et donc « vraie ».

Au commissariat de police, on avoue avoir reçu plusieurs appels, certains pour signaler les faits (!), d’autres pour savoir s’ils étaient réels… « Les gens semblent y croire dur comme fer, on a beau répéter que ce n’est pas vrai, on a l’impression de ne pas les convaincre », raconte, un brin dépité, un policier, qui indique qu’une rumeur similaire s’est propagée ces jours-ci, également dans un Kiabi de Bayonne…

Convaincre, dans ce genre d’histoire, c’est le plus dur, d’autant que l’un des mécanismes des légendes urbaines veut que les démentis ne font, paradoxalement, que les confirmer…


Sources : LA DÉPÊCHE.frHOAX-NET


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