Non, Daesh n’a pas interdit la burqa en Irak

5-HOAX-NET ENTETE

2016-le soir-deash-3


2016-le soir-deash-1

1-STATUT FAUX

Tandis que le média Belge « Le Soir », réputé comme sérieux, parle au conditionnel, VOLTAIRENET.ORG, lui, n’hésite pas une seule seconde à titrer « l’interdiction ».
Mais voyons avec Marianne.net le cheminement de cette rumeur reprise par un grand nombre de médias :


La burqa bannie de l’Irak sur ordre de l’Etat islamique ! L’information a été reprise par plusieurs médias français ce mardi : le groupe terroriste aurait aboli le port du vêtement prescrit par la charia après avoir subi des attaques menées par des femmes qui le portaient. « Marianne » revient sur le parcours d’une fausse info.


Le beau paradoxe ! Ce mardi 6 septembre, plusieurs médias français ont annoncé que l’Etat islamique avait banni le port de la burqa en Irak. De quoi interpeller, lorsqu’on sait la cruauté avec laquelle l’Etat islamique punit les femmes qui ne portent pas cette tenue les cachant intégralement. Et pourtant, titre : « Daech interdit le port de la burqa en Irak après un attentat commis par une femme entièrement voilée« . Suivi par ou encore .

Le Huffington Post trouve sa source dans une brève publiée par un site iranien, l’Iran Front Page (IFP), qui a diffusé l’information le 4 septembre sous le titre « « . Plusieurs médias anglo-saxons ont aussi repris cette brève de l’IFP, à l’image  ou de Mais le mécanisme des reprises remonte à plus loin car l’agence iranienne n’a pas obtenu cette info de première main. Il a lui-même traduit, nous explique-t-il sur son site, une information émanant de la chaîne iranienne Al Alam News Network… qui se fonderait à son tour sur les propos d’une source anonyme !

Cette source venue « de la province de Nineveh » aurait déclaré le 2 septembre dernier à la chaîne télévisée que « le groupe terroriste a lancé un ordre décrétant qu’aucune femme n’est autorisée à porter le niqab ou la burqa en pénétrant dans un lieu de sécurité ou militaire« . Le tout se déroulerait dans la ville de Mossoul, dans le nord de l’Irak, précise la légende de la photo. Toujours selon cette source, la décision aurait été prise après qu’une femme voilée aurait « tué par arme à feu deux soldats de l’Etat islamique« .

C’est après tout ce processus de déperdition d’une information déjà – attention, euphémisme – fort peu solide, qu’on peut donc lire ce mardi en France que Daech a carrément « interdit le port de la burqa en Irak« . Là où une vague source de Nineveh évoquait à l’origine, sur une télé iranienne, l’interdiction d’entrer avec une burqa dans les centres de sécurité de la ville de Mossoul. Et encore, même cette information-là est à prendre avec moult pincettes…

« L’Etat islamique ne prohibera pas la burqa, même pour des raisons sécuritaires »

Le média d’origine, , ne jouit en effet pas d’une crédibilité extrême, souligne auprès de Marianne le journaliste de France 24, Wassim Nasr, expert des questions liées à l’EI : « Il faut faire attention, en ces temps de guerre les médias iraniens peuvent faire de l’intox. » L’Iran étant en guerre ouverte contre l’EI, de nombreuses fausses rumeurs seraient alimentées par les médias des deux camps, selon le journaliste.

En outre, la possibilité que Daech dévoile les femmes qu’il a voilées amuse presque Wassim Nasr : »L’Etat islamique ne prohibera pas la burqa, même pour des raisons sécuritaires ! »

Un autre spécialiste de la question interrogé par Marianne se range à son avis : « Il est impossible que les membres de l’EI dévoilent les femmes, on ne peut pas voir le visage d’une femme sur ce territoire« .

L’hypothèse que les femmes voilées soient contrôlées ou empêchées d’entrer dans certaines zones, par mesure de sécurité, est en revanche jugée crédible par cet interlocuteur.

Pour Wassim Nasr, c’est l’ensemble de l’histoire, de l’agression des soldats par une femme voilée à l’interdiction de femmes en burqa dans certaines zones, qui ne tiendrait pas la route. Et classerait tout simplement cette brève iranienne reprise partout dans la catégorie des « hoax ».

Z-1-


Sources : Marianne.net


Autre(s) source(s) :