Non, la France ne sacrifiera pas ses fromages au profit du Canada

5-HOAX-NET ENTETE

José BOVE s’est engagé dans une bataille contre le CETA (accord de libre-échange) entre l’Union Européenne et le Canada

« Le gouvernement français est visiblement prêt à tout pour valider rapidement l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, le Ceta. Pour cela, il s’apprête à sacrifier 32 fromages sur les 53 produits laitiers protégés au niveau européen par une appellation d’origine. Pourtant, les négociateurs européens se congratulent et assurent qu’ils ont réussi à défendre les produits agricoles de qualité. Selon eux, il s’agit d’une victoire importante car ce dossier empoisonnait les échanges commerciaux depuis des années. Les indications géographiques (ou appellation d’origine protégée) garantissent aux consommateurs que le produit qu’ils achètent a été élaboré selon un cahier des charges strict et qu’il vient d’une aire géographique limitée. Elles permettent aussi aux paysans de vendre leur lait à un prix plus équitable. […]

Le banon, le bleu de Gex Haut-Jura,[…] n’ont pas été défendus par les autorités françaises. Ces fromages pourront être fabriqués, copiés, plagiés au Canada sans que les producteurs n’y aient à redire.

Depuis des années, l’Union européenne et nos ministres nous bassinent avec le respect de la propriété intellectuelle. Les brevets de Monsanto sont sacrés, ceux de Bayer aussi. Les paysans n’ont pas le droit de replanter des semences sans payer la dîme. Mais pour les productions paysannes, la propriété intellectuelle n’a soudainement plus de valeur. Le rocamadour ? Peu importe. La tome des Pyrénées, quelle importance !  […] Les autres indications géographiques sont encore moins bien traitées que les fromages. Dans le domaine de la propriété intellectuelle, il y a donc des différences de traitement. Les marques commerciales sont intouchables. Les brevets sont protégés par la puissance publique. Les droits d’auteurs sont encore défendus, parfois mollement. Mais les appellations d’origine protégée, pourtant reconnues par l’Organisation mondiale du commerce, elles, peuvent être bafouées.

J’ai demandé à Matthias Fekl, le secrétaire d’Etat au commerce extérieur, de me dire quels critères ont été retenus pour choisir les fromages qu’il a jugés dignes d’être défendus. Je n’ai pas obtenu de réponse. J’ai écrit à Mme la commissaire européenne Cecilia Malmström au début du mois de juillet sur ce même point. Je suis toujours sans réponse de sa part. La question les dérange, semble-t-il. Pourtant, dans une démocratie, la même règle doit s’appliquer à tous. Sinon, c’est la porte ouverte à toutes les discriminations arbitraires.

José Bové Ancien paysan, député européen »

 

1-STATUT FAUX

Maxime VAUDANO, journaliste au Monde, écrit :

L’Europe n’a pas bradé ses fromages au Canada, comme l’affirme José Bové

Les grands accords de libre-échange en négociation entre l’Europe et ses partenaires n’ont peut-être jamais eu si mauvaise presse. Après avoir obtenu que le gouvernement français retire son soutien aux négociations du Tafta-TTIP (Union européenne – Etats-Unis), ses opposants veulent attirer l’attention sur les dangers supposés d’un autre traité moins connu : le CETA, un accord UE-Canada dont la ratification doit commencer en octobre. Un combat qui se mène, parfois, au prix de quelques exagérations.

capture

Ainsi l’eurodéputé écologiste José Bové s’est-il indigné, le 11 septembre, dans les colonnes de Libération, que l’Europe ait « sacrifié » 32 fromages sur l’autel du libre-échange avec l’accord CETA, reprenant une argumentation déjà déployée sur RTL au printemps.

POURQUOI C’EST TROMPEUR

Problème : contrairement à ce qu’affirme M. Bové, du point de vue de la protection des appellations, la situation des producteurs fromagers français ne va pas se détériorer, mais s’améliorer si l’accord CETA entre un jour en vigueur.

AU CANADA : C’EST MIEUX QUE RIEN

En effet, c’est aujourd’hui la loi de la jungle qui règne entre l’Europe et le Canada en matière de protection des indications géographiques d’aliments et de bières. En l’absence d’accord bilatéral portant sur le sujet, les producteurs canadiens ont toute latitude pour produire chez eux du beaufort, du chevrotin ou même de la tomme des Pyrénées, et de les vendre sur les marchés canadien ou américain – car ils ne sont pas soumis aux règles européennes qui les réglementent strictement sur le sol de l’UE.

Le but du CETA est justement de faire en sorte que l’Europe et le Canada reconnaissent mutuellement certaines de leurs appellations pour pouvoir les protéger des deux côtés de l’Atlantique. Si l’accord entre en vigueur, il sera dorénavant interdit aux agriculteurs, canadiens de commercialiser des pruneaux d’Agen, du reblochon ou du comté, même sur le marché canadien. Fini les symboles trompeurs pour le consommateur, comme le drapeau français sur l’emmental ou l’écriture grecque sur la feta.

Certes, la liste des indications européennes protégées dans le CETA est assez limitée – 173 produits couvrant 145 appellations, dont 42 produits français couvrant 30 appellations, sur un total d’environ 1 500 appellations reconnues par l’UE –, et il est vrai que 32 fromages français manquent à l’appel. Mais il est incontestable que c’est toujours mieux que la situation actuelle – aucune appellation protégée.

4998203_6_1ea8_l-eurodepute-francais-europe-ecolgie-les_c2d4ff90fc7ad84493f7d2215e12acaf

 

De même, le journal « Les Echos » rapporte les propos de Hervé Guyane, Président du Comité français pour le droit du commerce international :

« Dans un style qui n’appartient qu’à lui, l’inénarrable eurodéputé écologiste José Bové publiait, voici quelques jours, une tribune acerbe dans «Libération», dénonçant le fait qu’en voulant ratifier le traité de libre-échange avec le Canada, l’Europe sacrifiait ses fromages. Plus précisément, il scandait que l’Europe s’apprête à sacrifier 32 fromages sur les 53 produits laitiers protégés au niveau européen par une appellation d’origine.

Rien n’est moins faux ! Et l’on peut même affirmer que la situation des fromagers va considérablement s’améliorer. Car le CETA (Canada Europe Trade Agreement) vise à assurer une mutuelle reconnaissance des appellations d’origine entre l’Europe et le Canada. »
Z-1-


Sources :  le MondeLes Echos Twitter – European Commission 


Autre(s) source(s) :