NON, le lait de soja ne détruit pas la thyroïde et ne cause pas le cancer du sein, mais …

Le lait de soja est accusé de détruire la thyroïde et de causer le cancer du sein. On vous balance ceci sans étayer ces propos de véritables et sérieuses sources.

Plusieurs études ont été menées par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) devenue l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail)  au 1er juillet 2010.


Concernant le cancer du sein

Les isoflavones mises en cause, contenues dans le lait de soja, sont des molécules « phyto-estrogènes » et donc proches des hormones féminines :

Page 4 de « l’essentiel du rapport SÉCURITÉ ET BÉNÉFICES DES PHYTO-ESTROGÈNES – RECOMMANDATIONS

Nous pouvons lire que « La sécurité d’emploi des phyto-estrogènes a été évaluée en se référant à la méthodologie utilisée dans le domaine du médicament. Cette méthodologie fait appel à des tests in vitro et à des études menées chez l’animal. Peu d’études conduites selon ces règles sont disponibles dans la littérature. Toutefois, il a pu être estimé que l’apport de 1 mg/kg de poids corporel/j d’isoflavones aglycones (soit par exemple 45 mg pour un individu pesant 45 kg) ne présente pas de risque particulier pour la population générale« .

Cependant, «  des précautions particulières doivent être prises chez certains consommateurs : pour les nourrissons et les jeunes enfants consommant des préparations à base de protéines de soja, il est recommandé de limiter l’apport en phyto-estrogènes à 1 mg/L de préparation reconstituée. De même, il est prudent de veiller à limiter l’exposition in utero ; les personnes présentant un cancer hormono-dépendant ou des antécédents de ce type de cancer devraient limiter leur apport en phyto-estrogènes. »

Et encore, page 6 de « l’essentiel du rapport SÉCURITÉ ET BÉNÉFICES DES PHYTO-ESTROGÈNES – RECOMMANDATIONS, nous pouvons lire :

« Les données disponibles à ce jour montrent que les phyto-estrogènes (les isoflavones notamment) ne sont pas associés à une augmentation du risque de cancer du sein chez la femmeToutefois, les données obtenues chez l’animal incitent à la prudence chez les sujets ayant un cancer hormono-dépendant (cancer du sein, …) ou des antécédents de ce type de cancer. »

Il est donc conseillé à certaines personnes de limiter leur apport en phyto-estrogènes, mais il n’est aucunement fait mention que cela cause le cancer du sein.

Le rapport conclut, page 101, que « d’une façon générale, et dans les conditions de consommation qui ont été celles rapportées jusqu’à ce jour, les phyto-estrogènes ne sont pas décrits comme des produits toxiques. Ils se trouvent notamment dans les fruits et les légumes, et rentrent plus encore, dans l’alimentation par la consommation de soja dans les populations asiatiques. Les phyto-estrogènes bénéficient ainsi d’une réputation de sécurité liée à l’historique de leur consommation. »


Concernant la thyroïde

« Les aliments à base de soja ont des niveaux élevés de goitrogènes qui empêche votre glande thyroïdienne d’obtenir la quantité d’iode dont elle a besoin ». FAUX

Toujours selon le même rapport de 2005 :  « Chez l’Homme il n’y a pas de démonstration que l’augmentation de TSH induit les cancers de la thyroïde. En terme de protection, une étude rétrospective faite à San Francisco (HornRoss 2002) comparant 608 cas vs 558 sujets témoins rapporte que la consommation de phyto-estrogènes ou de soja non fermenté évaluée par un questionnaire pourrait diminuer la prévalence du cancer de la thyroïde. »

PAGE 184, on nous indique que  « les études épidémiologiques sont limitées ; elles ne montrent pas de relation entre la consommation de soja et d’isoflavones avec le risque de développer un cancer de la thyroïde. « 

En revanche, pour les personnes souffrant d’un dérèglement de la thyroïde et sous traitement, les médecins conseillent de ne pas ingérer d’aliments à base de soja, car ils augmentent les besoins en hormones thyroïdiennes et présentent donc un risque d’atténuation de l’efficacité du médicament.


Concernant les troubles gastro-intestinaux

Un autre composant du lait de soja est le « carraghénane«  (ou carraghénine) qui est un polysaccharide (galactane) extrait d’algues rouges servant d’agent d’épaississement et de stabilisation dans l’industrie alimentaire. Il porte le code E407 de la classification des additifs alimentaires. Il a une DJA (dose journalière autorisée) de 75 mg/kg de masse corporelle. On l’utilise notamment en agriculture biologique.

Cet additif est mis en cause car il provoquerait des problèmes gastro-intestinaux.

L’Institut National de la Consommation nous indique page 46 d’un dossier sur les additifs qu’à « doses très élevées, ces produits d’origine naturelle extraits d’algues peuvent entraîner des accélérations du transit intestinal et des selles molles. Les carraghénanes ne sont pas mutagènes et ils n’altèrent pas l’ADN. Mais des effets cancérigènes ont été signalés, et ils pourraient être dus à une action des carraghénanes favorisant le développement de tumeurs induites expérimentalement par d’autres substances. Par ailleurs, une fois dégradées en molécules plus petites, les carraghénanes ont, expérimentalement et à dose élevée, un pouvoir irritant au niveau du côlon. Leurs produits de dégradation méritent d’être surveillés. »

D’autres études doivent être réalisées afin d’affiner les recommandations.


Conclusion : Comme pour beaucoup de choses, tout est une question de dosage et ce n’est pas parce que certaines molécules sont présentes dans notre alimentation que cela constitue forcément un grave danger. En cas de doute, le mieux est d’en parler avec son médecin qui connaît vos antécédents et pathologies actuelles.

 

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Sources : AFSSAOQALI WIKIPEDIA –