Non, l’État français n’a pas acheté pour 100 millions d’€ des hôtels pour loger les migrants.

Surtout ne partagez pas comme indiqué sur la publication de cette page, et de certains sites et blogs, car le titre est trompeur. La publication affirme que l’État français vient de racheter des hôtels pour y loger des migrants grâce à un prêt de 100 millions d’euros de la banque européenne de développement social, alors qu’en parallèle il manque des Canadair pour lutter contre les incendies ravageurs de l’été. En réalité, c’est un mélange de deux informations bien distinctes, et le financement des réparations et/ou achats de Canadair n’a strictement rien à voir avec les organismes concernés.

LCI et Rue89lyon vous expliquent :

« Voilà où va votre argent : dans le paiement des familles clandestines », « tout est bon pour celui qui vient d’ailleurs, au détriment de l’autochtone ».

Voici ce qu’on peut lire sur le blog « lagauchematuer« , dans un article du 10 mars 2017 intitulé « La banque européenne va prêter 100 millions d’euros à l’État afin de racheter des hôtels pour y loger des migrants« .

Près de 10.000 partages sur Facebook, plus de 3000 réactions en ligne… l’article a tout pour devenir viral auprès des internautes plus ou moins inclinés à droite. Sauf que cette note de blog mélange deux informations bien distinctes pour accoucher d’un titre manipulé, comme nous le démontrons dans le cadre du projet CrossCheck.

Deux opérations qui n’ont rien à voir

La première source affichée par l’auteur est un article du Figaro, qui annonce la vente, par Accor, de 62 hôtels F1 au groupe SNI, une filiale de la Caisse des Dépôts spécialisée dans le logement social. Une opération qui s’est tenue au début du mois de mars 2017, dans le cadre d’un renforcement des infrastructures de logements d’urgence, et dont le Samu social a hérité de la gestion opérationnelle. Le but : permettre l’hébergement, en urgence, à la fois de réfugiés et de personnes sans-abri.

Une vente qui n’a rien à voir avec la seconde information relayée par l’article : à savoir un prêt de 100 millions d’euros de la part de la banque européenne de développement social (la CEB), organisme lié au Conseil de l’Europe. Et c’est là que la confusion est facile : car ce prêt a été engagé aux côtés d’Adoma, bailleur social et filiale, là encore, de la SNI. Reste que cette transaction, effectuée en septembre 2015 selon cet article de nos confrères des Echos, avait pour unique vocation, non pas d’acheter des hôtels, mais de permettre « des rénovations légères et énergétiques » de logements réservés, cette fois, aux demandeurs d’asile.


Quant au manque d’avion bombardier, appelé Canadair, il y a effectivement un réel problème comme le souligne le Syndicat national du personnel navigant de l’aéronautique civile dans un article Le Parisien auquel le préfet Jacques Witkowski, le directeur général de la Sécurité civile répond :

  • La France est le deuxième pays à disposer d’une flotte aérienne, une flotte d’État», assure de son côté le préfet Jacques Witkowski, le directeur général de la Sécurité civile. «Nous sommes les seuls à avoir des moyens aériens complets qui vont du Tracker, qui largue du trois tonnes, en passant par le Canadair qui largue six tonnes, au Dash qui largue dix tonnes. 

Et balayant les critiques sur le manque de moyens matériels,

  • Le préfet admet que «c’est une flotte su-remployée. Comme pour un véhicule qu’on utiliserait trop, forcément il y a des pannes». «Les avions ont largué près de 5 000 fois depuis fin mars, ce qui est considérable», concède-t-il encore.
    Le SNPNAC avait déjà dénoncé en juin la «non-disponibilité» des bombardiers d’eau nécessaires à la lutte contre les incendies. La Sécurité civile dispose d’une flotte aérienne comptant 23 aéronefs bombardiers d’eau, soit 12 Canadair, neuf Tracker et deux Dash. Elle a annoncé mardi avoir demandé à l’Union européenne deux avions Canadair en renfort.

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Sources : LCIRue89lyonFigaroLes EchosLe Parisien