Non, Macron ne va pas « vendre » l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne (ni lui céder son siège à l’Onu)

Dans une vidéo YouTube (supprimée depuis), le député européen Bernard Monot, Debout la France (ex-FN), dénonce les effets de la signature de ce traité. « Comme pour le Traité de Marrakech, nous sommes tous enfumés par le pseudo grand débat national pendant que, dans notre dos, Macron prépare en secret un nouveau putsch contre la France. »

Cet élu souverainiste, dont les arguments sont relayés dans un article du site d’extrême droite Résistance Républicaine, affirme qu’avec la signature de ce traité, « l’Alsace repassera sous gestion allemande, et la langue administrative sera l’allemand« .

Quant à Marine Le Pen, elle a martelé lors de son premier meeting de campagne pour les européennes, le 19 janvier, dans le Vaucluse, : le chef de l’État est en train de commettre un « acte de trahison » en signant « en catimini » ce traité conduisant à la « mise sous tutelle de l’Alsace », au « partage de notre arme nucléaire et de notre siège au Conseil de sécurité ».

Tout cela est faux. Très critiqué par les nationalistes, l’accord est censé élever la relation bilatérale à un « niveau supérieur ». Il complète celui signé à l’Élysée le 22 janvier 1963 par Konrad Adenauer et Charles de Gaulle dans des domaines comme la défense, la diplomatie, l’économie ou la coopération transfrontalière.

Les articles sont consultables sur le site Contexte. Ce traité a une visée en grande partie économique et cherche à faciliter la vie des citoyens vivant près de la frontière allemande. »

Le sort de l’Alsace et de la Lorraine n’est pas menacé, au contraire, par la volonté de développer des « projets transfontraliers » dans les domaines économiques et sociaux et, précise le traité, « dans le respect des règles constitutionnelles respectives des deux États ». De même, « le développement de l’apprentissage mutuel de la langue de l’autre » est d’une absolue banalité depuis le traité franco-allemand de 1963.

Quant au partage du siège de la France à l’ONU, c’est, là encore, une « intox » totale : l’admission de la République Fédérale de l’Allemagne en tant que membre permanent du conseil de sécurité des Nations unies est une priorité de la diplomatie franco-allemande. Autrement dit : faire entrer l’Allemagne, qui réclame cette place au même titre, par ailleurs, que le Brésil, l’Inde et le Japon, oui. Rendre le siège de la France pour le donner à l’Allemagne, non.

Ce traité renforce la coopération entre les deux pays, notamment en matière de Culture, d’Éducation et de politique climatique grâce à « des projets conjoints » en matière de transition énergétique. Les deux États se fixent comme objectif « d’instituer une zone économique franco-allemande dotée de règles communes ». Pour y parvenir, « l’harmonisation du droit des affaires » est citée comme une priorité.

Le traité prévoit l’adoption d’un « programme pluriannuel de projets » communs. Une première liste sera présentée mardi avec la reconversion de la centrale nucléaire de Fessenheim, la mise en place d’une « plate-forme numérique » franco-allemande ou des travaux communs en matière d’intelligence artificielle.

Les pays entendent se garantir mutuellement « aide et assistance éventuelle en cas d’attaque armée de leurs territoires », et ce, « par tous les moyens dont ils disposent, y compris la force armée ».

Il s’agit de la répétition du cadre des clauses dites de défense mutuelle ou d’assistance mutuelle prises dans le cadre de l’OTAN ou de l’Union Européenne, avec toutes les limites qui s’imposent. L’assistance mutuelle ne se déclenche ainsi qu’en cas d’évènement très grave : une attaque armée, venant de l’extérieur, sur le territoire ‘européen’ d’un des deux pays.

Cette clause pourrait presque paraître inutile, mais c’est plutôt une ‘double’ assurance, si, pour une raison ou une autre, l’OTAN se trouvait paralysée. En matière militaire, le superflu est parfois nécessaire…


Sources : contexte.comlemonde.fr  – 20minutes.fr –  lefigaro.fr