Comme je suis handicapée, personne ne me souhaite un bon anniversaire, ni partage ma photo !

Ce n’est pas la première fois que nous dénonçons les photos montrant des personnes hospitalisées ou handicapées sur Facebook principalement (ici, ici, ici, ici, ici ou encore ici) .

A noter que certaines photos ont été manipulées en rendant des personnes valides ou en santé en personnes unijambistes ou ayant un cancer comme nous l’expliquions dans un de nos articles sur le sujet (lien ci-dessus).

Comme nous avons reçu beaucoup de demandes en message privé sur notre page Facebook pour une photo (ci-dessous), ça nous a incité à reprendre une fois de plus ce sujet qui nous semble important !

Il s’agit d’une photo d’une publication de 2022 avec le message de statut qui dit :

« Aujourd’hui, c’est mon anniversaire, mais je suis très triste ma sœur a dit que personne ne partage ma photo car je suis handicapée ( Michelle Arison ).

Cependant hormis la photo tout est FAUX !

Avec une recherche sur l’image, il était facile de retrouver l’image sur le média anglophone THE SUN le 17 octobre 2017, où on apprend que cette jeune fille handicapée ne s’appelle pas Michelle Arison, pas plus que sa sœur, sa mère ou une de ses amies !

Cette photo a bien entendu été volée sur un site web avec une désignation dans la langue de plusieurs pays où elle est publiée.
thesun.co.uk rend hommage à cette jeune fille en publiant un article sur son histoire (résumé) :

Izzy (Isabelle) Weall, 14 ans, de Derby, n’avait que sept ans lorsqu’elle a contracté une méningite et a dû se faire amputer les quatre membres.

Ses parents, Catherine Lloyd et Oliver Weall, avaient été avertis qu’elle n’avait plus que quelques heures à vivre après avoir subi une crise cardiaque et une défaillance multiviscérale.

Izzy, qui a les bras amputés juste en dessous du coude, montre comment elle se maquille et donne d’autres aperçus de sa vie quotidienne dans des vidéos sur Youtube qui ont accumulé plus de 8 000 vues, ceci pour montrer que sans ses quatre membres elle peut vivre comme toutes les jeunes filles de son âge dit-elle.

Izzy a passé deux mois à l’hôpital et huit autres mois dans un fauteuil roulant avant de recevoir des prothèses.

Cinq ans après avoir réappris à marcher, Izzy a stupéfié les médecins en remportant un concours national de trampoline.

Dans l’immensité de Facebook, nous sommes tous tombés sur une publication comme celle-ci : une photo d’une personne handicapée, blessée ou malade accompagnée d’un message du type :

« Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Personne n’a partagé ma photo car je suis handicapé. Puis-je faire un vœux ? Y a-t-il quelqu’un qui peut partager ma photo ? » .

D’une part, ces messages sont émotionnellement attrayants du point de vue de l’utilisateur, mais d’autre part, ils reflètent également la dynamique des médias sociaux.

Ce sont des messages de statut comme celui-ci sur Facebook. Ces messages ont souvent des dizaines de milliers de « j’aime » et de « commentaires ».

Ces derniers jours (début Juillet 2023) des centaines de page publient ces photos volées sur le web et toujours avec le même texte de désignation souvent en anglais comme vous pouvez le voir au travers de quelques exemples ci-dessous :

Qu’y a-t-il derrière ?

Pourquoi continuons-nous à les voir dans nos fils d’actualité ?

La réponse est simple, mais un peu compliquée :

c’est une sorte de stratégie de marketing viral. Les créateurs de ces messages espèrent que le message émotionnel, souvent renforcé par une photo de quelqu’un qui semble être dans le besoin, persuadera les utilisateurs de partager le message. L’objectif principal de cette stratégie est de maximiser la portée de la publication et ainsi d’obtenir plus de visibilité pour le créateur ou la page d’où elle provient.

Par exemple la page Facebook  TweeBuzz spécialiste de publication de photo d’handicapées et de fake news voir notre article de 2018, maintes fois dénoncée est toujours bien présente sur le réseau social Facebook et risque d’y rester encore de nombreuses années.

 Le rôle de l’empathie

Ce n’est un secret pour personne que les émotions jouent un grand rôle sur les réseaux sociaux. Des sentiments positifs comme la joie ou la surprise peuvent entraîner le partage d’un message, mais des émotions négatives comme la tristesse ou la colère peuvent également avoir cet effet.

Dans ce cas particulier, l’empathie et la compassion sont visées, des sentiments qui nous donnent souvent envie d’agir.

Le libellé de la publication vise à créer le sentiment que la personne sur la photo est ignorée en raison de son handicap ou de sa maladie. Cela éveille le désir d’aider et de prendre position contre la discrimination – et le moyen le plus simple de le faire est de partager la publication.

 Manipulation et abus

Bien que le désir d’aider soit louable, il faut reconnaître que

ces types de messages sont souvent manipulateurs.

Les images sont utilisées sans le consentement de la personne représentée.

Le texte d’accompagnement contienne très souvent de fausses informations.

Dans des cas extrêmes, ces images peuvent même être

utilisées par des escrocs pour collecter des fonds pour des œuvres caritatives inexistantes.

Par conséquent, il est toujours important de remettre en question ces messages de manière critique et, en cas de doute, de les rechercher avant de les partager.

Ne partagez pas ces photos et images !

Nous vous déconseillons de partager, de commenter ou d’interagir sur de telles photos ou images, en particulier si le contexte et les intentions de la publication d’origine ne sont pas clairs. Voici les raisons :

 Protection de la vie privée.

Ces images sont souvent utilisées sans le consentement de la personne représentée ou de sa famille. Même si les intentions sont bonnes, c’est une atteinte à la vie privée que de partager des photos de quelqu’un sans son consentement.

 Fausse information et manipulation.

Le texte accompagnant ces images contient souvent des informations trompeuses, voire fausses. Le partage ou l’interaction avec de tels messages peut propager davantage cette désinformation.

Soutenir les pratiques contraires à l’éthique.

 De nombreux messages de ce type sont conçus pour accroître la portée de la page ou du compte qui a publié le message. En partageant ou en interagissant avec ces messages, vous pouvez contribuer à garantir que ces pratiques contraires à l’éthique réussissent et continuent d’être utilisées.

Risque de fraude.

Dans certains cas, ces images et messages peuvent être utilisés par des escrocs pour collecter des fonds pour des œuvres caritatives inexistantes. Le partage et l’interaction avec de tels messages peuvent involontairement contribuer à la propagation d’escroqueries.

CONCLUSION

Nous devons toujours être conscients du pouvoir des réseaux sociaux et du fait que tout ce que nous y voyons n’est pas vrai ou authentique.

 Il est important d’être compatissant et solidaire, mais il est tout aussi important d’être informé et observateur.

 Plutôt que de répondre impulsivement à de tels messages, nous devrions prendre le temps de vérifier la source.

Team Hoax-Net.be thesun.co.ukIzzy Weall/history –  hoax-net.be/tweebuzzmimikama.org